Ils interviennent à cette étape
Le bureau d’études
Avant toute intervention sur un monument tel que la Chapelle royale, il s’agit de déterminer avec exactitude l’état sanitaire des parties à restaurer.
Pour l’ornementation en pierre, décors et sculptures, le bureau d’études examine chacune des parties à la loupe pour établir une « cartographie ». Sur des photographies de ces éléments, classés par type, tout signe d’altération - érosion, lacune, boursouflure ou fissure - est indiqué par des codes distinctifs. Puis, ce sont les précédentes restaurations qui sont minutieusement détaillées, parfois à partir de la comparaison avec des clichés anciens. C’est surtout la nature des pierres utilisées pour chaque phase qui permet de distinguer celles-ci au cours du temps, ainsi que la présence de ragréages, bouchons ou greffes qu’il faut bien avoir localisés avant de se lancer sur le chantier.
Sont ainsi obtenues des cartes multicolores, révélant des facettes méconnues du bâtiment. Certains bas-reliefs paraissent beaucoup moins authentiques qu’on le pensait tandis que les grandes sculptures dressées sur la balustrade de la Chapelle dévoilent de petites blessures, invisibles depuis le sol.
Cet état des lieux exige une grande minutie et une patience infinie pour collecter et traduire la moindre marque ayant affecté la pierre. Il offre, en revanche, un voyage unique, rare, à la fois dans l’espace et dans le temps, à travers l’histoire des bâtisseurs.
Restaurateurs, staffeurs, sculpteurs
Forts de ces constatations et des instructions de leur chef, ils s’installent en haut des échafaudages avec leur matériel.
Là-haut, à 30 mètres, voire 50, au-dessus du sol, il fait plus froid et, en plein hiver, il faut tenir de longues journées, debout contre la pierre et le plâtre. Emmitouflé de laine, équipé de gants, chacun est affecté à une partie du monument. Seul ou à plusieurs, il faut compter plusieurs jours pour mener à bien le petit chantier qui se met en place autour d’un relief ou d’une statue.
Chaque intervention suit un protocole bien défini, qui respecte le monument et assure la sécurité des artisans. Il est fixé en accord avec l’Architecte en chef des Monuments historiques qui doit veiller à préserver l’authenticité des parties d’origine et vérifier la justesse du style adopté pour les éléments restitués.
- Le restaurateur nettoie et consolide la pierre, supprime les anciens ajouts qui se sont révélés nocifs, comble les fissures et réalise la patine finale. Compte beaucoup son expérience pour le nettoyage de la pierre qui ne doit mettre celle-ci en péril sous aucun prétexte.
- Le staffeur intervient ponctuellement pour réaliser les moulages des reconstitutions en mortier des éléments lacunaires. Ces moulages seront ensuite utilisés comme modèles pour le sculpteur.
- Le sculpteur recrée les éléments lacunaires avec une pierre neuve qui doit être cohérente avec les éléments existants. Sa sensibilité importe beaucoup pour adapter son geste au style qui a préalablement donné naissance à la pièce dont il prend soin. Artisan ou artiste, la frontière est ténue, même si elle doit toujours être présente à l’esprit de ces hommes qui sont amenés à travailler sur des chefs-d’œuvre.