Habilement dissimulé derrière les frondaisons, le bâtiment ne se signale que par sa discrète entrée, traitée à l’Antique. La taille de la salle permet d’accueillir environ deux cent cinquante spectateurs. Les couleurs générales adoptent le bleu, le blanc et l’or. La décoration sculptée a recours à la technique rapide et peu onéreuse du carton-pâte, art dans lequel les artisans des Menus Plaisirs étaient passés maîtres. Les différents tons d’or se mêlent harmonieusement aux faux marbres où domine la brèche violette. Le plafond, livré par le peintre Lagrenée quelques jours avant l’inauguration du théâtre, représentait Apollon entouré des Grâces et des Muses. Il a été remplacé au XIXe siècle par une copie. La scène, de vastes dimensions (huit plans, deux niveaux de dessous et deux niveaux de cintres), est équipée de façon très perfectionnée par le machiniste Pierre Boullet, successeur de Blaise-Henri Arnoult, le concepteur de la machinerie de l’Opéra royal. La fosse d’orchestre peut accueillir une vingtaine de musiciens.
Dans l’esprit de la Reine, le rôle du théâtre de Trianon était double : il devait offrir un cadre satisfaisant pour accueillir les spectacles commandés aux artistes de l’Académie royale de musique et donc être doté d’un dispositif scénique convenable, mais il devait aussi permettre à la souveraine de satisfaire son goût pour le théâtre de société et lui procurer un moyen commode de jouer la comédie avec son entourage quand bon lui semblerait.
De 1780 à 1785, Marie-Antoinette use de son théâtre des deux façons. Commanditaire de spectacles, la Reine demande des œuvres qui témoignent de son goût pour la musique de son temps : elle fait jouer Gluck, Grétry, Sacchini et Paisiello, dont le Barbier de Séville, créé à Saint-Pétersbourg devant Catherine II, est joué pour la première fois en France à Trianon en 1784. Délaissé par la reine après 1785, le théâtre traverse la période révolutionnaire sans dégâts majeurs. Le théâtre, utilisé de façon occasionnelle tout au long du XIXe siècle et au début du XXe, est restauré entre 1925 et 1936 puis en 2001.
La machinerie historique est remise en état et peut aujourd’hui fonctionner, faisant du théâtre de Trianon le seul théâtre français du XVIIIe siècle intact et encore en ordre de marche. Outre un exceptionnel décor datant de 1754 qui représente le temple de Minerve au premier acte de Thésée de Quinault et Lully, conçu par les frère Slodtz pour le théâtre de Fontainebleau, le théâtre de la Reine conserve quelques décors (dont deux tableaux complets) du XIXe siècle dus au décorateur Pierre-Luc-Charles Cicéri et à son atelier : un « intérieur rustique », une forêt, et des fragments d’une décoration de place publique et d’un « salon riche ».
Le théâtre, en raison de son exiguïté et de son éloignement du Château ne sert plus de salle de spectacle, ce qui a permis de le protéger encore davantage en évitant des mises aux normes de sécurité qui auraient immanquablement nui à son caractère d’authenticité. Il est cependant toujours accessible au public lors de la visite guidée « Les effets scéniques au théâtre de la Reine » au cours de laquelle est procédé un changement de décors à vue.
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Le théâtre n'est ouvert au public que lors de la visite guidée "Les effets scéniques au théâtre de la Reine".
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Le dépliant d'aide à la visite dédié au domaine de Trianon est gratuit et disponible sur place.
Retrouvez également les parcours de visite proposés pour le domaine de Trianon sur l’application officielle du château de Versailles.