On ne saurait se représenter Versailles sous la monarchie sans envisager l’omniprésence du cheval dans ses diverses fonctions : pour le service de la famille royale, des courtisans et des visiteurs, pour accompagner les divertissements ou contribuer à la manifestation du pouvoir monarchique.
Le cheval à Versailles Du XVIIème siècle à nos jours
Les chevaux du roi
L’édification de la Grande et de la Petite Écurie entre 1679 et 1682 intervient alors que Louis XIV a entrepris, quelques quinze ans plus tôt, de donner un nouvel élan à ce département de sa maison. L’augmentation du nombre des chevaux sera d’ailleurs continue jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. De près de 400 en 1680, ils seront 700 à la fin du règne de Louis XIV, puis 1 700 à la mort de Louis XV et 2 208 en 1787. Les deux écuries, conçues chacune pour environ 300 chevaux dont les stalles font 1 mètre 30 de large, seront donc rapidement insuffisantes et il faudra recourir à des emplacements supplémentaires dans Versailles ou dans les autres résidences royales.
A la Petite Écurie, les chevaux sont réunis en fonction de leur attribution au roi, au dauphin ou à l’attelage. A la Grande Écurie, ils sont répartis en trois équipages : les coureurs, montés lors des chasses ou des revues, qui sont près de 400 à la mi XVIIIème siècle, et les chevaux de manège, formant deux groupes de 140 et 149 bêtes. De tous types de couleur de robe, ils proviennent pour les trois quarts d’entre eux de l’étranger : Angleterre, Irlande, Espagne, Afrique du nord ou encore Europe du nord. Ainsi, Félibien précise-t-il dans sa Description sommaire de Versailles qu’on « voit dans les seules écuries de Versailles ce qu’on ne pourrait rencontrer ailleurs que par de longs voyages, une élite admirable de chevaux ». La beauté des équidés sélectionnés avec soin, la qualité de leur dressage, font en effet l’émerveillement des visiteurs et les ambassadeurs du Siam, reçus par Louis XIV en décembre 1683, sortent des écuries « en admirant la grandeur du Roy ».
Une pratique quotidienne
Un si grand nombre de chevaux pourvoit aux besoins d’une activité équestre intense, faite d’exercices au manège, de promenades et, surtout, de chasses. Les rois Bourbons ont tous été de fervents chasseurs, pratiquant entre 150 et 180 sorties par an. En 1761, Louis XV a ainsi 26 coureurs à son unique disposition. Lors de ses parties de chasse, il change plusieurs fois de monture : quatre pour la chasse au cerf, trois pour le sanglier, deux pour le chevreuil. Le goût des souverains pour l’équitation, à laquelle ils sont initiés dès leur plus jeune âge par les meilleurs écuyers, est partagé par nombre de dames de la Cour et Marie-Antoinette elle-même s’adonnera au genre avec passion. Lors des courses de bagues, lors des carrousels donnés à la Grande Écurie en 1685 et 1686, la société de Cour affirme l’importance de la culture équestre pour elle. Sur un plan politique, le roi doit se distinguer par l’excellence de sa pratique du cheval, symbole de son aptitude au bon gouvernement. Le roi cavalier est ainsi l’une des composantes de l’identité royale, relayée par l’art ou la littérature.
L’École de Versailles
Dans les écuries de Versailles prévalent de nouveaux principes d’équitation, apparus en France au cours du XVIIème siècle. Dans le rapport au cheval, délicatesse et bienveillance sont désormais privilégiées à la contrainte ou à la brutalité. En selle, le cavalier doit trouver l’équilibre et l’aisance pour effectuer avec naturel les airs relevés, ces figures de dressage inspirées du combat militaire. L’approche, qui est enseignée dans les académies équestres du royaume, atteint son apogée avec les écuyers du manège de Versailles, Duplessis, Des Nos, Saunier, Nestier ou encore La Bigne qui s’illustre en traversant la place d’Armes au petit galop en une heure, de la Grande Écurie aux grilles du Château. Par leur qualité d’hommes de cheval, les écuyers de la Grande Écurie entretiennent souvent des relations de confiance avec le roi dont ils dressent les chevaux. Ils dispensent également des leçons d’équitation aux jeunes nobles admis à l’École des Pages pour recevoir une éducation de gentilhomme avant d’intégrer le corps des officiers des armées du roi.
Aux XIXème et XXème siècles
La présence des chevaux dans la Grande et la Petite Écurie ne s’achève pas avec le départ de la famille royale le 6 octobre 1789. Écuyers, piqueurs et palefreniers continuent à entretenir la cavalerie qui est toujours, en 1792, d’une centaine de chevaux. La fonction d’enseignement perdure et va même être réaffirmée. En 1796, le manège de Versailles est institué en « École nationale d’équitation », qui, devenue « École d’instruction des troupes à cheval », est transférée en 1810 à St Germain puis à Saumur. Mais Napoléon Ier, Louis XVIII et Charles X maintiennent dans la Grande Écurie leur École des Pages où se transmet l’excellence de l’équitation héritée de l’École de Versailles. Après 1830 et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, l’armée, à qui les écuries ont été affectées, les utilisera pour la cavalerie des régiments qui y sont casernés.
Depuis 2003, les chevaux sont de retour avec l'Académie équestre nationale du Domaine de Versailles et depuis 2016, la galerie des Carrosses où est exposée l'une des plus grandes collections de carrosses d'Europe, a réouvert à la Grande Écurie.
En 2017, a lieu la première édition du Jumping international du château de Versailles.
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Les carnets de Versailles Magazine
À cheval dans le Grand Parc
Les cavaliers sont aujourd’hui les bienvenus dans le parc du château de Versailles. Qu’en était-il autrefois, à l’époque où les chevaux faisaient partie de la vie quotidienne ? Il n’est pas toujours aisé de le déterminer, mais les archives du Château permettent d’en retrouver la trace.