Fils d’une famille de petite noblesse du Morvan, Vauban se fait rapidement remarquer lors des grands sièges qui ponctuent ce siècle de guerres incessantes. Ingénieur ordinaire en 1655, il s’impose comme un poliorcète de génie et entre dans les grâces du ministre Louvois. Ses succès lors de la guerre de Hollande lui attirent les faveurs du Roi lui-même qui le récompense d’une gratification exceptionnelle, lui permettant d’acquérir la seigneurie de Bazoches, et lui accorde dès lors sa confiance.
Devenu commissaire général des fortifications en 1678, Vauban accomplit ce qu’il avait, de ses propres mots, conseillé dans l’intérêt de Louis XIV : « songer à faire son pré carré ». Il assure la protection du royaume de France à travers la construction de citadelles et places fortes, notamment le long de la frontière la plus exposée, au nord-est. Sa grande adaptabilité à la configuration des lieux lui vaut d’édifier des chefs-d’œuvre de l’architecture militaire, uniques en leur genre, dont la place forte de Neuf-Brisach est l’un des plus aboutis. Théoricien de l’art du siège puis de la fortification bastionnée, basée sur la combinaison d’enceintes concentriques, Vauban est à l’origine du corps des ingénieurs chargés des infrastructures de l’Armée. Celui-ci œuvre encore aujourd’hui près du château de Versailles.
Homme de terrain, voyageur inlassable, Vauban, de chantiers en chantiers, sillonne le pays. Curieux de tout, il adresse au Roi des mémoires sur des sujets aussi variés que la politique étrangère, la fiscalité ou les dangers de la révocation de l’édit de Nantes. Nommé maréchal en 1703, il réunira et complètera ses écrits, s’attachant notamment à dénoncer la grande pauvreté d’un peuple éprouvé par les guerres, les hivers rigoureux et les famines. Ses critiques, de plus en plus pressantes, n’empêcheront pas Louis XIV de déclarer à sa mort, en 1707 : « Je perds un homme fort affectionné à ma personne et à l’État ».