Fille de Louis Vigée, pastelliste, membre de l’Académie de Saint-Luc, et de Jeanne Maissin, d’origine paysanne, Élisabeth Louise Vigée entre, à l’âge de six ans, comme pensionnaire à l’école du couvent de la Trinité, dans le faubourg Saint-Antoine. Dès son plus jeune âge, elle dessine partout, sur ses cahiers, sur les murs de son école. De manière prophétique, son père, à qui elle était très attachée, lui dit : « Tu seras peintre, mon enfant, ou jamais il n’en sera ». Il a eu le temps de reconnaître ses dons et de lui enseigner le maniement des instruments de l’art, surtout les secrets de la peinture au pastel, avant de disparaître alors qu’Élisabeth n’a que douze ans. La jeune fille a, tout naturellement, ses proches pour premiers modèles, notamment le marchand de tableaux Jean-Baptiste Pierre Le Brun qu’elle épouse en 1776.
La consécration
Après quelques années de formation dans les ateliers de Blaise Bocquet, Pierre Davesne et Gabriel Briard, Élisabeth Louise Vigée Le Brun acquit ainsi peu à peu une technique très sophistiquée et personnelle qui lui permet de se mesurer aux portraitistes les plus habiles de son temps. À cette maîtrise s'ajoutent la renommée de son frère poète, les conseils avisés de son mari et un réseau de relations influentes qui lui assurent rapidement une clientèle choisie et une célébrité grandissante. Membre de l’Académie de Saint-Luc à partir de 1774, l’artiste devient quatre ans plus tard le peintre officiel de la reine Marie-Antoinette, qui deviendra sa protectrice et sa confidente. En 1783, grâce à l’intervention de la souveraine, Mme Vigée Le Brun est reçue à l’Académie royale de peinture et de sculpture avec, pour morceau de réception, un tableau à sujet allégorique : La Paix ramenant l’Abondance. Le directeur de l’institution, Jean-Baptiste Marie Pierre, s’était fortement opposé à la candidature de la nouvelle venue. Selon les règles en vigueur, la profession commerçante de son époux n’aurait pas dû lui permettre de prendre place parmi l’assemblée, une femme n’ayant pas de statut social autre que celui de son époux. En obtenant cet honneur, la portraitiste accède à la consécration.
Peintre officiel de Marie-Antoinette
Après avoir livré en 1778, à la satisfaction générale, le premier grand portrait officiel de Marie-Antoinette, Madame Vigée Le Brun est régulièrement sollicitée par la reine. En six ans, elle réalise pas moins de trente portraits de la souveraine. Marie-Antoinette se plaît à poser pour Élisabeth Louise, et l’admet dans ses petits appartements. En 1783, un portrait de la reine en tenue d’intérieur suscite des réactions indignées à la Cour, mais l’artiste n’en perd, pour autant, ni la clientèle royale ni celle de la Cour.
Servie par son talent, une grande puissance de travail et une beauté généralement reconnue, Vigée Le Brun sait admirablement promouvoir sa carrière en gravissant les degrés de l’échelle sociale. Les œuvres des années 1780 témoignent particulièrement de son succès. L’artiste nous a légué une galerie de portraits qui illustrent à merveille les variations de la mode. Des femmes à la silhouette généreuse, à la bouche pulpeuse, sont représentées indolentes, le regard perdu ou provoquant. Elles se distinguent souvent par une grande sensualité, un magnétisme animal, voire une charge érotique.
L’émigration (1789-1802)
Élisabeth Louise Vigée Le Brun, qui dépend des commandes de la famille royale et de la Cour, fait l’objet de virulentes attaques dans des pamphlets. La nuit du 6 octobre 1789, elle est forcée de quitter Paris, avec sa fille et sa gouvernante, en même temps que la famille royale, mais se dirige vers la péninsule italienne. C’est alors un long voyage d’exil qui commence, et qui durera un peu plus de douze années. Séparée de son mari et loin de son quotidien à la cour, l’artiste use de son renom et de son charme pour servir une clientèle européenne fascinée par le modèle français. Entre 1789 et 1802, son talent est officiellement reconnu par les académies artistiques de Rome, Bologne, Parme, Florence et Saint-Pétersbourg. Élisabeth Louise Vigée Le Brun rencontre partout sur son passage un vif succès, et parvint à maintenir, grâce à la valeur de ses œuvres, un train de vie digne de sa réputation. Peu après son retour à Paris le 18 janvier 1802, Vigée Le Brun fréquente Laure Regnaud de Saint-Jean d’Angely et Joséphine Bonaparte. Très vite, elle retrouve certains de ses amis d'avant 1789 comme Greuze, Hubert Robert, Brongniart ou Ménageot. L’artiste continue de peindre au service de l’Empire et de l’aristocratie européenne, et entame, entre 1803 et 1805, de nombreux voyages en Angleterre.
Elle rentrera définitivement en France en 1805, et poursuivra l'œuvre délicate et sensible qui avait fait son succès avant la Révolution. C’est le 30 mars 1842 qu’Élisabeth Louis Vigée Le Brun décède, à Paris.