Née au château de Versailles en 1764, Élisabeth de France, dite Madame Élisabeth, est la dernière des sœurs de Louis XVI. Orpheline à l’âge de trois ans, elle reçoit une excellente éducation au cours de laquelle elle se distingue par ses talents en mathématiques et en sciences. Ses contemporains la disent bonne écuyère, douée pour le dessin et la broderie, mais piètre chanteuse. Dès l’enfance, elle révèle une personnalité ambigüe, sa grande dévotion s’accordant à un caractère dissipé et original – elle signe certaines de ses lettres « Élisabeth la Folle ». Elle manifeste très tôt un fort attachement à Louis XVI et à Marie-Antoinette, aux côtés desquels elle demeure toute sa vie, refusant en particulier de se marier.
En 1783, Madame Élisabeth a alors dix-neuf ans, Louis XVI lui fait cadeau d’un terrain et d’une maison dans le village de Montreuil, ensemble qui subsiste aujourd’hui dans le quartier de Montreuil à Versailles sous le nom de « Domaine de Madame Élisabeth ». Bien que n’étant pas autorisée à y dormir avant sa majorité (vingt-cinq ans), elle s’y rend tous les jours à cheval depuis le château de Versailles. La vie qu’elle y mène, plus simple qu’à la Cour, est rythmée par les loisirs auxquels elle a pris goût dans son enfance, par ses actes de piété et ses bonnes œuvres, qui lui valent le surnom de « Bonne dame de Montreuil ».
Quand éclate la Révolution française, Madame Élisabeth adopte une position dure face aux partisans d’une monarchie constitutionnelle, s’opposant à toute recherche de compromis. Son attachement à Louis XVI la conduit à refuser l’exil choisi par ses tantes et ses autres frères. Elle le suit, ainsi que Marie-Antoinette, à Varennes, à la prison du Temple, puis à l’échafaud, sur lequel elle monte en 1794 avant d’être ensevelie dans une fosse commune.
Son attachement à son frère et à sa belle-sœur, ses positions intransigeantes face aux aspirations révolutionnaires, sa piété, ses actes de charité et la façon dont elle a trouvé la mort conduisent à la formation d’un culte autour de sa personnalité pendant la première moitié du XIXe siècle. Ce culte s’inscrit dans le courant royaliste qui se développe à la faveur de la Restauration et milite pour la béatification de Madame Élisabeth.