Longtemps tenu éloigné de Versailles en raison de son tempérament indépendant, Puget obtient de Colbert en 1670 la commande de ses deux œuvres les plus célèbres : les groupes du Milon de Crotone (1670-1682) et du Persée et Andromède (1675-1684). Il exploite à cet effet deux blocs de marbre abandonnés sur le chantier naval de Toulon où il travaille pour les arsenaux du roi. Livrés en 1683 et 1684, les groupes reçoivent l’approbation du roi Louis XIV, un instant réticent devant leur fougue. Il leur réserve finalement la place d’honneur de ses jardins : l’entrée du Tapis vert. Les groupes y demeurent jusqu’au début du XIXe siècle, date de leur entrée au Louvre pour leur protection.
Œuvre phare de Puget, le Milon exprime toute l’intensité dramatique de l’artiste, loin des figures académiques en vigueur à Versailles. Il y a du Michelangelo Buonarroti (1475-1564), dit Michel-Ange, sculpteur, peintre et architecte italien, célèbre pour le plafond de la chapelle Sixtine et sa statue de David. et du Gian Lorenzo Bernini (1598-1680), dit Le Bernin, sculpteur, architecte et peintre italien, notamment au service des papes du XVIIe siècle, Colbert l’invite en France en 1665. dans cette figure emblématique de la sculpture baroque française !
La torsion du corps, le naturalisme du tronc, l’intensité de la douleur du personnage sont fascinants. Le groupe de Persée et Andromède exprime la même audace, le même traitement du mouvement en torsion.
Fort du soutien de François Michel Le Tellier, marquis de Louvois (1641-1691), est un des ministres de Louis XIV. Il succède notamment à Colbert au titre de Surintendant des Bâtiments, et redonne un nouvel élan aux chantiers versaillais sous la conduite de Jules Hardouin-Mansart. , successeur de Colbert, Puget entrevoit d’autres commandes pour Versailles : il sculpte l’Alexandre et Diogène (1671-1688), son plus important relief, destiné aux Grands Appartements mais qui ne sera jamais installé dans les lieux (Louvre). Il envisage un Apollon colossal pour le Grand Canal, une statue équestre pour le roi, deux groupes sur le thème d’Apollon. La mort de son protecteur en 1691 l’empêche de mener à bien tous ces projets.
Partagé entre la Provence et l’Italie, Puget réalise des sculptures admirables de force d’expression : les fameux Atlantes de l’hôtel de ville de Toulon expriment, avant les œuvres versaillaises, le génie torturé de l’artiste. Dans le même esprit, il livre en 1659 un Hercule et l’hydre de Lerne pour le château du marquis de Girardin au Vaudreuil en Normandie (musée de Rouen). Repéré à son tour par Nicolas Fouquet (1615-1680) Surintendant des Finances et ministre de Louis XIII puis Louis XIV, Il emploie de nombreux artistes pour son château de Vaux-le-Vicomte, à 50 km au sud-est de Paris. Arrêté en 1661, il est condamné à la détention perpétuelle…, il exécute pour lui un paisible Hercule gaulois (Louvre), récupéré par Colbert pour son château de Sceaux. À l’encontre du goût académique versaillais, Puget avait su plaire au roi par son audace et son sens tragique.