D’une importance tant historique qu’artistique, remarquable pour ses qualités esthétiques et sa richesse iconographique, ce tableau iconique a été classé « oeuvre d’intérêt patrimonial majeur ».
Présentation de La messe de la famille royale aux Tuileries
L'œuvre
Document sans équivalent, l’oeuvre montre la famille royale lors d’une messe célébrée au palais des Tuileries.
L’office se déroule dans la galerie de Diane, représentée dans son état des années 1790, et ornée de tapisseries de la suite des conquêtes de Louis XIV, tissées par les Gobelins d’après des peintures de François-Adam Van der Meulen.
Les postures des corps agenouillés sur leur prie-Dieu participent de l’atmosphère de ferveur qui contraste avec la superbe des batailles de Louis le Grand. Des années de gloire au déclin de la monarchie, on mesure la charge dramatique de cette oeuvre.
Messe de la Famille Royale aux Tuileries © Hubert Robert
Les protagonistes
On reconnaît, de gauche à droite et de trois-quarts dos, Madame Élisabeth, soeur de Louis XVI, le dauphin Louis Joseph, Marie-Antoinette, le roi et Madame Royale, leur fille.
Les autres personnages sont plus difficiles à identifier ; il peut s’agir, près de Madame Royale, de la princesse de Lamballe, surintendante de la maison de la reine. Derrière le Dauphin se trouvent probablement la marquise de Tourzel, gouvernante des Enfants de France, sa fille Pauline à ses côtés, et Madame de Fitte de Soucy, baronne de Mackau, sous-gouvernante des enfants royaux. On peut encore supposer la présence de la marquise d’Ossun, dame d’atours de la reine. Quant au personnage debout, bâton en main, ce ne peut être que le marquis de Dreux-Brézé, grand maître des cérémonies. La messe se tient en présence d’un officier de la Garde nationale arborant la cocarde tricolore.
La cérémonie
Une copie d’époque (collection particulière) est intitulée Messe de la Pentecôte 1791 à la galerie de Diane, ce qui permet de préciser la date de cet office.
Le rouge de la chasuble du prêtre, couleur liturgique de la Pentecôte, évoque en effet les langues de feu de l’Esprit-Saint descendant sur les Apôtres. Par ailleurs, si l’accès à la chapelle des Tuileries fut interdit à la famille royale après la fuite de Varennes (20 et 21 juin 1791), des messes avaient déjà lieu, avant cet événement, dans la galerie de Diane.
Hubert Robert, peintre et proche du roi
La précision du témoignage laisse à penser que le peintre a pu assister à cet office. La proximité de l’artiste avec le roi le permettait.
Hubert Robert reçut plusieurs commandes royales et conçut, pour les jardins de Versailles, les nouveaux Bains d’Apollon. Il participa également à l’élaboration du Hameau de la reine et de la Laiterie de Rambouillet, en collaboration avec Georges Jacob.
De collection en collection
Madame Du Barry (1743-1793), qui manifesta toujours un goût affirmé et sûr pour la peinture, posséda le tableau sans doute dès 1791. Il figurait dans l’inventaire établi lors de la saisie de ses biens en 1793.
L’État utilisa bien vite l’oeuvre pour payer l’un de ses créanciers.
La toile passa ensuite dans diverses collections particulières avant d’intégrer, au XXème siècle, l’une des plus prestigieuses d’entre elles, et enfin, en 2023, les collections publiques.
L'entrée dans les collections de La Messe de la Famille Royale aux Tuileries vient enrichir le beau fonds des peintures révolutionnaires du château de Versailles, déjà doté d’une autre toile d’Hubert Robert, La Fête de la Fédération.
La Fête de la Fédération au Champ de Mars, 14 juillet 1790 © Hubert Robert
Mécénat
La Messe de la Famille Royale aux Tuileries, œuvre d’intérêt patrimonial majeur, a été acquise grâce au mécénat de LOV Group.