Réécoutez le colloque organisé par le Centre de recherche du château de Versailles et le château de Versailles les 3 et 4 juin 2021 : "Les châteaux-musées franciliens et la guerre : une protection stratégique".
Colloque CRCV "Les châteaux-musées franciliens et la guerre : une protection stratégique"
Retransmission
Ce colloque, organisé par le Centre de recherche du château de Versailles, diffusé en direct sur la chaîne YouTube du château de Versailles, est désormais disponible en écoute libre sur la chaîne YouTube du Centre de Recherche du château de Versailles :
Intervention de Claire Bonnote-Khelil : historiographie et panorama général :
La playlist rassemble l'intégralité des interventions.
Le colloque
Fermés au public le 26 août 1939, le château de Versailles et ses célèbres jardins se sont métamorphosés en quelques semaines, sous l’effet des mesures de défense passive. Un reportage photographique complet, dressé par l’agence de l’architecte en chef, Patrice Bonnet, témoigne de cette transformation aussi soudaine que radicale.
Pour le palais, on retiendra l’obturation de très nombreuses fenêtres par un empilement de sacs de sable et des panneaux de bois, le démontage et mise en dépôt de nombreux décors historiques, l’évacuation des collections du musée en région, etc. Les jardins font également l’objet de mesures importantes, comme l’assèchement du Grand Canal, le calfeutrage de sculptures, l’installation d’abris pour le personnel … Anticipées et programmées depuis de nombreux mois, voire même plusieurs années, certaines d’entre elles obéissent au vaste programme de défense passive défini au cours des années 1930. En raison de son symbole et au Diktat qu’il incarne outre-Rhin, Versailles bénéficie d’une protection hors-norme, mal comprise par le public qui se voit privé de ses trésors, tout comme par l’occupant, qui juge de façon assez critique l’ampleur des restaurations nécessaires à sa remise en état.
Le 1er juin 1941 - soit presque un an après son invasion par l’armée allemande - le musée national du château de Versailles retrouve un semblant de « vie » en rouvrant une vingtaine de salles dans l’aile Nord du château. À l’occasion de ce quatre-vingtième anniversaire, ce colloque entend mettre la lumière sur les mesures de protection déployées dans les très nombreux châteaux-musées répartis dans les anciens départements de la Seine, de la Seine-et-Oise, de la Seine-et-Marne, et dans leurs régions limitrophes. Beaucoup d’entre eux sont d’anciennes résidences royales et impériales, certains utilisés comme lieux de réception et de résidence présidentiels.
Comment a-t-on protégé ces lieux patrimoniaux d’exception et de quelle manière ? Quelles conséquences ont eu ces mesures de défense passive ? À quelle échelle se sont-elles déployées ? Peut-on aujourd’hui juger de la pertinence, mais surtout de leur efficacité ? L’absence des collections a-t-elle constitué un moment propice pour repenser le musée, en termes de disposition des collections, d’accrochage, de circuit de visite ? Quelles sont les destructions imputables à la Seconde Guerre mondiale, et auquel cas par qui et par quoi ont-elles été occasionnées ?
Ainsi ce colloque sera l’occasion de décrire l’ensemble des mesures de protection mises en place (évacuations, mesures destinées au monument et aux collections, etc.), de rendre compte de la vie dans ces musées entre 1939 et 1945 (de la « drôle de guerre » à la signature de la Paix) mais aussi de définir la place de l’occupant dans ces châteaux. Après un bilan historiographique et de nombreuses études de cas, le débat s’ouvrira sur des aspects plus larges : la gestion en région des châteaux sélectionnés comme dépôts (constituant des sortes de musées en caisses), le rôle du service de protection allemand des œuvres d’art (Kunstschutz), la protection nationale et internationale, et l’évocation d’exemples nationaux et internationaux.
Direction scientifique : Claire Bonnotte Khelil, collaboratrice scientifique, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Le CRCV
Le Centre de Recherche du château de Versailles (CRCV) pour objet la recherche et la formation sur les lieux et expressions du pouvoir tels qu’ils sont représentés à Versailles et en Europe, principalement aux XVIIe et XVIIIe siècles.
La civilisation de cour est envisagée sous tous ses aspects, des modes d’exercice du pouvoir à la structure et au fonctionnement des institutions curiales, en passant par les usages et les mentalités, la circulation des hommes et des idées, le développement des arts et des sciences, la conception des palais et des jardins ou encore la signification des cérémonies, des fêtes et des spectacles.
Comme son objet, la recherche au Centre se veut plurielle : fondamentale et comparatiste, bien sûr, mais aussi documentaire pour servir à l’alimentation de nos différentes productions, ou encore appliquée pour déboucher sur des réalisations concrètes.