L'acquisition du portrait de Catherine Duchemin permet l'enrichissement des collections du Château de Versailles. Première femme reçue comme peintre à l'Académie royale de peinture et de sculpture, elle devient également l'unique femme représentée dans la collection de portraits d'académiciens.
Acquisition du portrait de Catherine Duchemin
une femme artiste
Catherine Duchemin fait partie des rares femmes reconnues pour leur qualité de peintres actives en France au XVIIème siècle et dont le nom a traversé les siècles. Avec sa réception à l'Académie royale de peinture et de sculpture, le 14 avril 1663, elle devient la première femme à obtenir ce privilège parmi ses consoeurs. Elle présente à l'Académie un tableau de fleurs que l’institution considère comme un « devoir » et un « honneur », « en suivant l’intention du roi […] d’épandre sa grâce sur tous ceux qui excellent dans les arts de peinture et de sculpture […] sans avoir égard à la différence des sexes. »
Née en 1630, Catherine Duchemin côtoiera le monde de la peinture dès son plus âge et ce jusqu'à la fin de sa vie, et même à travers son mariage. Elle aurait appris les rudiments de la peinture aux côtés de son père, un peintre décorateur parisien et en 1657, elle épouse François Girardon, sculpteur de renom du XVIIème siècle. Cependant, malgré son ascension et sa réception à l'Académie, elle reste un cas rare parmi la communauté artistique féminine : ses héritières n'arriveront sur la scène artistique parisienne qu'une génération plus tard, c'est le cas d'Elisabeth Vigée le Brun qui sera reçue à son tour à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1783 avec son tableau, La Paix ramenant l’Abondance. Catherine Duchemin marque son époque en devenant un exemple suivi par de nombreuses femmes jusqu’au début du XVIIIème siècle.
une œuvre singulière
Le modèle, qui s'apprête à peindre un bouquet d’anémones doubles et de pavots disposés dans un vase, soutient sereinement le regard du spectateur. Tout dans cette oeuvre laisse transparaître une ambition particulière : le format de la toile, le luxe du fauteuil et le raffinement de l’habit, coloré et orné de rubans noirs.
Aucune signature ne figure sur le tableau, mais comparer le portrait avec ceux de la collection du château de Versailles, et particulièrement avec ceux des Académiciens, permettrait d’attribuer la toile dont l’exécution est de grande qualité. La composition florale à gauche du tableau aurait été réalisée par Catherine Duchemin elle-même, ce qui ferait de ce tableau l'unique exemple conservé de son oeuvre. On dit qu'elle « excellait à peindre les fleurs », si bien qu’« à l’odorat près, tout y était trompé » selon Florent Le Comte, son premier biographe. Ensemble, les trois fleurs de la composition, une en bourgeon, l'autre totalement ouverte, et la troisième, un pavot sur le point de faner, symbole du long sommeil, pourraient représenter une allégorie de la vie.
L'acquisition de l'œuvre
Après sa restauration, le portrait de Catherine Duchemin rejoindra tout naturellement l'exceptionnel ensemble de portraits d'académiciens rassemblés aujourd'hui dans les salles Louis XIV. L'Académie royale de peinture et de sculpture constituait un instrument essentiel de la politique de promotion des arts sous le règne de Louis XIV ; ces œuvres du XVIIème siècle sont donc des témoignages précieux du fonctionnement de cette institution emblématique.