Auparavant conservateur au musée du Louvre, elle est aujourd’hui conservateur en chef au château de Versailles, spécialiste des objets d’art et commissaire de plusieurs expositions. Découvrez « Le Versailles de » Marie-Laure de Rochebrune.
Le Versailles de Marie-Laure de Rochebrune
Sa biographie
Marie-Laure de Rochebrune est diplômée de l’École du Patrimoine en 1997. Elle a été conservateur du patrimoine au musée du Louvre, avant d’intégrer la conservation du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon en 2010. Elle est aujourd’hui conservateur en chef spécialisée dans le domaine des objets d’art et s’est donnée pour mission d’enrichir et de valoriser les collections de porcelaines royales. Elle a été commissaire de plusieurs expositions : Splendeur de la peinture sur porcelaine, Charles Nicolas Dodin au château de Versailles, La Chine à Versailles. Art et diplomatie au XVIIIe siècle et Le goût de Marie Leszczyńska, et a participé à de nombreux ouvrages. Elle a récemment œuvré à la création d’un nouvel espace muséographique dédié aux collections de pièces de services : la pièce des « Buffets ».
Ses coups de cœur
- Versailles émerveille le visiteur, mais bien souvent chacun s’attache à un lieu plus qu’à un autre ; lequel est-ce pour vous ? Pourquoi ?
J’ai découvert la bibliothèque de Louis XVI lorsque j’avais dix ans. Les proportions admirables des armoires et de la corniche, exécutées en 1774 par les frères Rousseau sur les dessins d’un Gabriel converti à un goût antique d’une extrême élégance, les portes dissimulées sous de fausses reliures et la fabuleuse table en acajou de Quervelle m’ont immédiatement séduite. Comme je l’ai compris plus tard, aucun lieu à Versailles n’incarne autant les goûts de ce Roi, pétri de culture classique mais aussi passionné par les découvertes scientifiques les plus récentes. N’est-il pas inouï que l’un de ses premiers actes de bâtisseur, il n’avait que vingt ans, ait été la création de cette bibliothèque, à l’emplacement du salon de Compagnie de Louis XV ? Le retour au XXe siècle de plusieurs objets d’art qui s’y trouvaient à la veille de la Révolution, notamment de la commode de Riesener en 1999, a rendu ce lieu insigne encore plus précieux à mes yeux.
- Au détour d’une salle ou d’une allée, une peinture, une sculpture ou un objet a retenu votre attention ; quel est-il ? Que représente-t-il pour vous ?
Il est un tableau à Versailles qui me touche infiniment car il est chargé de sens multiples pour celui qui veut bien l’examiner avec un peu d’attention. Il s’agit du Repas chez Simon de Véronèse. Chef d’œuvre du maître vénitien, peint vers 1570 pour le couvent des Servites, il fut offert en 1665 à Louis XIV par la République de Venise. Si ce tableau constitue en soi une remarquable introduction au Grand Appartement du Roi qui doit tant à l’Italie, il se révèle aussi être une mine d’informations sur les manières de table vénitiennes dans la seconde moitié du XVIe siècle. Les tables dressées au premier plan, encadrées par deux grands dressoirs d’orfèvrerie, les pièces de service en verre émaillé et doré de Murano qui se détachent sur les nappes immaculées, tous ces éléments nous disent ce que le service à la française, dont les règles furent définitivement fixées à Versailles au siècle suivant, doit à Venise, étape marquante du voyage d’Henri III à son retour de Pologne, en 1574, qui fut subjugué par les usages vénitiens.
- Nos premiers pas dans la galerie des Glaces, l’eau jaillissant des Grandes Eaux… Chacun d’entre nous possède un souvenir de Versailles plus fort que les autres. Lequel est-ce pour vous ?
Une représentation en plein-air d’Andromaque de Racine, jouée par Geneviève Casile devant le péristyle du Grand Trianon, lors d’une belle soirée de l’été 1983. La célèbre sociétaire de la Comédie Française demeura imperturbable et joua son rôle jusqu’au bout malgré les caquetages incessants et insupportables des canards, attirés par ce spectacle inhabituel.
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