L’appartement des capitaines des gardes
À Versailles, Louis XIII avait déjà accordé une place importante à ses gardes. Ils occupaient plusieurs pièces au sein-même de la maison, au rez-de-chaussée de l’aile nord ; un “magasin des armes” et la “chambre des capitaines de gardes”. La chambre avait une position idéale pour contrôler les entrées du logis et veiller sur le grand escalier montant à la chambre du Roi.
À l’arrivée de Louis XIV à Versailles, il fallut agrandir le Château pour accueillir toute la famille royale. De plus, en tant que résidence officielle du roi et du pouvoir, le Château était accessible au public et devait être constamment sécurisé et surveillé. L’accessibilité à la personne royale était une tradition ancestrale qui avait ses limites, car cela accentuait la mise en danger du souverain.
Malgré les nombreux travaux qui ont ensuite transformé le Château, l’appartement des capitaines des gardes est resté dans la même partie nord du bâtiment central. L’appartement se compose aujourd’hui de quatre pièces : une antichambre, un grand salon, une chambre et un salon intérieur, dans lesquelles sont exposées des peintures illustrant les événements majeurs et les figures importantes du règne de Louis XVI.
Chefs d'oeuvre exposés
L’antichambre de l’appartement commémore l’accession de Louis XVI au trône, dont le portrait en habits royaux peint par Joseph Siffrède Duplessis est entouré de ceux de ses frères, le comte de Provence et le comte d’Artois, peints par François Hubert Drouais, et de son cousin le duc d’Orléans, peint par Antoine Callet. Ils sont aussi représentés dans la grande peinture de Gabriel François Doyen de Louis XVI recevant l’hommage des chevaliers de l’ordre comme leur grand maître, le 13 juin 1775.
Dans les autres pièces sont exposés des portraits de membres de la famille royale et de leur entourage. Parmi eux, le grand tableau de Martin Van Meytens représentant l’empereur autrichien François Ier, Marie-Thérèse et leurs enfants, peint en 1755, l’année de la naissance de Marie-Antoinette, représentée ici dans une bougie.
Le capitaine des gardes
Les fonctions de capitaine des Gardes comprenaient quatre titulaires, qui se succédaient au service "par quartier" (par trimestre). Le capitaine des gardes en service vivait donc dans cet appartement situé près de la petite salle des gardes et de l’escalier du Roi.
Pourtant, ces différents gardes n'évitent pas l’attentat de Damien contre Louis XV le 5 janvier 1757. Alors que le souverain s’apprêtait à regagner Trianon vers 6 heures du soir, malgré la présence du colonel des Suisses, du grand écuyer, du premier écuyer et de son capitaine des gardes, il fut frappé par un ancien domestique fanatique au sortir du rez-de-chaussée, juste après sa petite salle des gardes. Le climat glacial sauva le roi : il était si emmitouflé que la lame ne causa qu’une simple égratignure. Après s’être remis de ses émotions, Louis XV ne put s’empêcher de dire à son capitaine des gardes, le duc d’Ayen : « Avouez, monsieur, que je suis bien gardé ! » Des mesures furent prises dès le 15 janvier et les règles de sécurité renforcées. Ainsi, les gens de livrées eurent des accès bien plus limités aux appartements royaux.
L'appartement privé de la reine
Dans la continuité de l'appartement du capitaine des Gardes, vers la Galerie Basse, se trouve une partie de l’appartement privé de la reine. Ce dernier fut installé en 1784 pour Marie-Antoinette sur l'emplacement d'une partie de l'ancien appartement de Madame Sophie, décédée en 1782. Trois pièces principales et plusieurs pièces secondaires d'ordonnance y furent aménagées. Lorsque la reine quittait son appartement d'apparat situé au premier étage, elle empruntait le passage du Roi et un petit escalier menant à la baie nord du vestibule de marbre de la Galerie Basse.
Ce vestibule, qui datait de 1679, avait été cloisonné à la demande de Madame Sophie, pour agrandir son appartement. Ainsi, deux nouvelles pièces avaient été créées près de la salle de bains de la princesse : une salle de tour et une bibliothèque, dont les murs étaient recouverts de stucs peints de paysages et de feuillages ornementaux encadrés d'imitation marbre. Quinze ans plus tard, cette pièce devint le cœur de l'appartement privé de la reine Marie-Antoinette ; elle fut démolie au XIXe siècle et il n'a pas été possible de la restaurer.
la Réouverture du rez-de-chaussée
Grâce à la réouverture de l'ensemble des appartements du rez-de-chaussée du corps central – appartements de la Dauphine, du Dauphin, des filles de Louis XV, et du capitaine des Gardes – un nouveau parcours de visite s'ouvre au château de Versailles.