Né en 1621, Jean de La Fontaine préfère rapidement la littérature à sa charge de maître des eaux et forêts à Château-Thierry, sa ville natale. Après quelques publications (dont une comédie, L’Eunuque, dont le sujet est adapté de Térence), il rencontre Nicolas Fouquet, le flamboyant surintendant des Finances de Louis XIV, qui lui accorde une pension. La Fontaine l’en remercie par la composition d’un vaste poème, Le Songe de Vaux, destiné à célébrer les beautés du château et des jardins que Fouquet vient d’achever et qui contribueront à causer sa perte.
Après l’arrestation du surintendant sur ordre du roi, La Fontaine est l’un des rares à demeurer fidèle à son bienfaiteur malheureux. L’élégie Aux nymphes de Vaux, publiée en 1662, puis l’Ode au roi composée l’année suivante en appellent courageusement à la clémence de Louis XIV, en vain. Fouquet, d’abord condamné au bannissement hors du royaume, voit sa peine commuée par le roi qui ordonne son incarcération à la forteresse de Pignerol.
En 1664, La Fontaine devient gentilhomme de la duchesse douairière d’Orléans ; il le reste jusqu’à la mort de cette dernière en 1672. Il demeure cependant éloigné de la cour.
Les premiers livres des Fables d’après Ésope, sont publiés en 1668 et dédiés au Dauphin, alors âgé de sept ans.
C’est un succès considérable qui n’est certainement pas étranger à la création, quatre ans plus tard, des 39 fontaines du bosquet du Labyrinthe, qui illustraient chacune, grâce à un bestiaire d’animaux de plomb peints au naturel, le sujet d’une fable et sa morale. Le second recueil paraît en 1678, dédié à la marquise de Montespan. Les éditions des fables se succèdent : une quarantaine rien que du vivant de l’auteur. En 1747, Jean-Baptiste Oudry s’en inspire pour des tableaux destinés à l’appartement du Dauphin, fils de Louis XV.
En 1669, La Fontaine fait paraître Les Amours de Psyché et de Cupidon, dédié à l’une de ses protectrices, Marie-Anne Mancini, duchesse de Bouillon. Cet ouvrage poétique est également un prétexte pour célébrer les embellissements croissants que le roi fait à Versailles et gagner ainsi ses bonnes grâces. « Notre monarque se divertit à faire bâtir des palais : cela est digne d’un roi », écrit-il. Mêlées au récit, les descriptions du premier Versailles évoquent la Ménagerie, mais aussi la première Orangerie de Le Vau, où Racine créera son Iphigénie en 1674. La Grotte de Téthys fait l’objet d’un minutieux inventaire : rien n’échappe aux promeneurs mis en scène par La Fontaine : les grilles dorées, le groupe d’Apollon servi par les nymphes, les autres sculptures, l’orgue hydraulique…
Connaissant les effets d’eau facétieux qui pouvaient arroser le visiteur devant l'édifice et même à l’intérieur, « les quatre amis ne voulurent point être mouillés. Ils prièrent celui qui leur faisait voir la grotte de réserver ce plaisir pour le bourgeois ou pour l’Allemand et de les placer en quelque coin où ils fussent à couvert de l’eau ». La Fontaine a peut-être assisté, comme des centaines de curieux, à la fête du 18 juillet 1668 : « Tout le monde a ouï parler de cette fête, des palais devenus jardins et des jardins devenus palais ». Il évoque les constructions éphémères élevées à certains carrefours du jardin, et, plus précisément, la salle du festin et la salle de bal, que l’on laissa debout pendant quelques temps après la fête. Édifices de charpente et de feuillage, ils éblouirent tant qu’on songea même à les rebâtir en dur.
En 1684, La Fontaine entre à l’Académie française, un an après son ami Boileau.
À Versailles, il figure parmi les écrivains du grand groupe sculpté du Parnasse français et, dans la bibliothèque de Louis XVI, sous la forme d’un biscuit de Sèvres appartenant à la série des Grands Hommes de la France, exécuté d’après sa statue que Pierre Julien acheva en 1785 (Musée du Louvre). On le reconnaît également parmi les écrivains et artistes représentés autour de Louis XIV sur un vase de Sèvres monumental exposé dans les attiques de l’Aile du nord.