2024
sous le signe du Cheval

Monument emblématique du patrimoine français, rayonnant à travers le monde, le château de Versailles a été choisi pour accueillir notamment les épreuves équestres des Jeux Olympiques 2024. Un événement d’ampleur dans la longue histoire du Château, renforçant son lien déjà étroit avec l’univers du cheval.

Versailles ou l’art de monter à cheval

Si les sports équestres et le dressage apparaissent en Grèce antique, l’art de monter à cheval s’exprime véritablement à la Renaissance, avec l’émergence des premières académies d’équitation en Italie, puis en France dès la fin du XVIème siècle. Comme la danse, l’escrime ou les lettres, l’équitation est enseignée systématiquement et étudiée en théorie dans ces écoles où se développe une pratique toute en légèreté, précision et élégance. Les souverains y sont initiés dès leur plus jeune âge par les meilleurs écuyers car l’excellence de leur pratique du cheval se veut un symbole de leur aptitude au bon gouvernement. Relayé par l’art ou la littérature, le roi cavalier est ainsi l’une des composantes de l’identité royale. De même, certaines reines ont été représentées sur leur fidèle destrier.

Portraits équestres

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Louis XIII, roi de France (1601-1643)
Claude Deruet, 1630-1643
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Portrait équestre d’Anne d’Autriche
Justus Van Egmont et Jean de Saint-Igny, 1601-1700
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Louis XIV, roi de France (1638-1715)
René-Antoine Houasse / Charles Le Brun, 1674
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Portrait équestre de Louis XV, roi de France
Charles Parrocel / Louis-Michel Van Loo, 1723
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Louis XV, roi de France (1710-1774)
Charles Cozette / Louis-Michel Van Loo, 1763
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Louis XVI, roi de France (1754-1793)
Jean-Baptiste-François Carteaux, 1791
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Marie-Antoinette, reine de France à cheval
Louis-Auguste Brun, dit Brun de Versoix, 1783
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Bonaparte franchissant le mont Saint-Bernard, 20 mai 1800
Jacques-Louis David et Jérôme-Martin Langlois, 1802
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Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie (1784-1860)
Antoine-Jean, Baron Gros, 1807
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Catherine de Wurtemberg, reine de Westphalie
Antoine-Jean, Baron Gros, 1807-1813

Cheval d’élite

Particulièrement intéressé par les chevaux, Louis XIV, conseillé par Colbert, lance les Haras nationaux en 1665, afin d’améliorer les races des équidés français. A Versailles, le roi fait construire la Grande et la Petite Écurie entre 1679 et 1682, où sont rassemblés, à la fin de son règne, quelque 700 chevaux, provenant pour les trois quarts d’entre eux de l’étranger. Sélectionnés avec soin, ils font l’émerveillement des visiteurs par leur beauté et la qualité de leur dressage.

© Château de Versailles / Thomas Garnier

L’École de Versailles

Peu après son inauguration, la Grande Écurie abrite l'École de Versailles qui devient rapidement le berceau de l’équitation savante française ; s’inspirant du traité École de Cavalerie de François Robichon de la Guérinière (1688-1751) – célèbre écuyer du manège parisien des Tuileries – dans lequel il enseigne tous les pas et figures de dressage pour faire des cavaliers et leurs chevaux de véritables duos de danseurs. Aujourd’hui, se retrouvent encore dans les compétitions de dressage, et notamment aux Jeux Olympiques, tous les éléments définis à cette époque dont la régularité aux différentes allures et les mouvements tel le piaffer (trot cadencé sur place), le passage (trot raccourci) ou encore le pas espagnol.

Au siècle des Lumières (1715-1789), l’équitation française atteint un niveau de sophistication sans précédent et l'École de Versailles un niveau de rayonnement jamais égalé. C’est à cette période qu’émerge le terme de « dressage » classique.

La Révolution signe la fin des académies équestres avec le départ des écuyers à travers l'Europe. L’ensemble des chevaux dont les 2 208 recensés dans les écuries royales sont vendus en tant que biens révolutionnaires. L’animal retrouve son rôle d’assistant militaire sous Napoléon et plus encore lorsque Louis XVIII crée l'École d'instruction des troupes à cheval, à Saumur (Maine-et-Loire), en 1814, tout en ravivant l’École de Versailles. Après une quinzaine d’années de coexistence, cette dernière perçue comme inutile, ferme définitivement en 1830, laissant Saumur pour seule école dépositaire de la tradition équestre française.

Versailles, site hôte des Jeux Olympiques 2024

Les sports équestres dans les JO modernes

Fort de son rayonnement international et de son lien historique avec l’univers du cheval, le château de Versailles est désigné « site hôte » des Jeux Olympiques de Paris 2024 pour les épreuves équestres. Celles-ci comptent trois disciplines pour lesquelles des médailles individuelles et par équipes sont décernées :

Le saut d’obstacles ou Concours de Saut d'Obstacles (CSO) est l’une des disciplines les plus réputées et reconnues du monde de l’équitation. Cela consiste en un parcours chronométré où cavalier et monture doivent sauter plusieurs obstacles de différentes catégories, hauteur, longueur ou dangerosité. Le tout sans faire tomber les barres, chaque barre renversée entraînant des pénalités.

Le dressage est l’expression la plus poussée de l’entraînement d’un cheval. Le couple cheval/cavalier est mis en scène artistiquement dans une série de figures exécutées au cours d’une reprise.
Un jury juge l’aisance et la fluidité de l’évolution du couple dans la carrière.

Une troisième épreuve, le Concours Complet d’Équitation (CCE), s’apparente à une sorte de triathlon équestre.. Il combine deux épreuves telles que celles décrites précédemment (le saut d’obstacles et le dressage) avec une troisième, le cross-country. Ce dernier consiste en un long parcours mêlant des obstacles naturels ou fixes, qui sollicitent cette fois l’endurance et l’expérience des compétiteurs. Le couple cheval-cavalier le plus polyvalent l’emporte à l’issue des trois épreuves.

Unique sport impliquant humains et animaux pour qu’ils forment une équipe, l’équitation est par ailleurs la seule discipline réellement entièrement mixte aux Jeux Olympiques. Néanmoins, il n’en a pas toujours été ainsi ; les sports équestres ayant évolué au fil des éditions des Jeux Olympiques modernes depuis leur réapparition à Paris en 1900.

Évolution de l'equitation dans les Jeux Olympiques modernes

1900

Paris : l’équitation apparaît au programme

Quatre ans après la première édition des Jeux Olympiques modernes en 1896 à Athènes (Grèce), les sports équestres figurent parmi les disciplines présentées. Organisées par la Société hippique française (SHF), les cinq épreuves se déroulent avenue de Breteuil (Paris 7e) – et non le long de la Seine comme toutes les autres – mais seules trois d’entre elles sont reconnues par le Comité International Olympique (CIO) : le saut d’obstacle, le saut en hauteur avec un obstacle à 1,85 mètre franchi par le Français Dominique Gardères et sa jument Canela, ainsi que le saut en longueur dont le gagnant a sauté 6,10 mètres, qui ne sera plus jamais présenté ensuite.
Malgré un bilan financier très positif pour la SHF, cela n’a pas suffi à convaincre le CIO d’intégrer les sports équestres aux JO de 1904 et 1908.

Concours hippique international, Place de Breteuil, 1900
© Ville de Paris / BHVP (photographie Henry de Lestrange)
1912

Stockholm : le concours complet est présenté

Les sports équestres entrent définitivement au programme olympique lors des Jeux de Stockholm (Suède) grâce au comte von Rosen, Grand Ecuyer du Roi de Suède. Parmi les épreuves, apparaît le « military » semblable à ce qui est désigné aujourd’hui par le « Concours Complet d'Équitation (CCE) ». Celui-ci s’est déroulé sur cinq jours mêlant ainsi dressage, saut d’obstacles, endurance et vitesse, avec une charge imposée aux chevaux de 80 kilogrammes, quitte à lester la selle de plomb si les cavaliers n’étaient pas assez lourds. Un même cavalier se devait de présenter toutes les épreuves mais pouvait changer de monture.
En parallèle, le dressage devient pour la première fois une épreuve autonome.

S.A.R le Prince Friedrich Karl de Prusse dans le stade olympique, au cours du concours de sauts
© CIO (CC)
1920

Anvers : la posture actuelle pour le saut d’obstacles apparaît

Les JO d’Anvers (Belgique) sont l’occasion de voir une épreuve de voltige, présentée cette seule et unique fois, tandis qu’apparaît une nouvelle façon de monter à cheval pour le saut d’obstacles grâce à l’équipe de Suède. Cette posture « en suspension » sur les étriers qui allège la charge sur le cheval et s’avère beaucoup plus pratique, va finir par s’imposer à l’ensemble des cavaliers.

Le Norvégien Knut Gylser sur Emben
© Fédération Equestre Internationale
1924

Paris : une course de fond s’ajoute aux épreuves

Les épreuves d’équitation se déroulent à Colombes (Hauts-de-Seine) et à l’hippodrome d’Auteuil (Paris 16ème). Celui-ci sert notamment de point de départ d’une course de fond de 36 kilomètres jusqu’à Villacoublay (Yvelines), épreuve qui ne sera plus proposée par la suite.

Le Suisse Alphonse Gemuseus (médaille d’or) sur Lucette
© Alamy
1932

Los Angeles : les chevaux voyagent hors d’Europe

Pour la première fois, les épreuves équestres se déroulent hors d’Europe, à Los Angeles (Etats-Unis), impliquant de faire voyager les chevaux de longues heures. Les équipes de France et de Suède ont ainsi opté pour une traversée en bateau jusqu’à New York City puis en train jusqu’en Californie. L’équipe du Pays-Bas avait fait équiper son bateau d’un tapis roulant inventé expressément pour permettre aux chevaux de se dégourdir les pattes durant le transport. C’est le Japonais Takeichi Nishi qui gagne l’or en Concours de Saut d'Obstacles, une première et unique victoire pour le Japon en équitation aux JO.

Le Japonais Takeichi Nishi (médaille d’or) sur Uranus
© CC
1952

Helsinki : les épreuves équestres s’ouvrent aux civils et l’une d’elles aux femmes

L’équitation aux Jeux Olympiques est définitivement représentée dans trois disciplines disputées à titre individuel et par équipes : le saut d’obstacles, le dressage et le concours complet. Jusque-là réservée uniquement aux officiers militaires, cette compétition s’ouvre à l’occasion des JO d’Helsinki (Finlande) aux civils et à la mixité en autorisant les femmes à prendre part à l’épreuve de dressage. La médaille d’argent en dressage est ainsi remportée par la Danoise Lise Hartel, athlète souffrant d'un handicap, la poliomyélite.

La Danoise Lis Hartel (médaille d’argent) sur Jubilée
© picture-alliance / dpa
1964

Tokyo : les femmes peuvent participer à toutes les épreuves

Si après le dressage, le Concours de Saut d'Obstacles s’ouvre aux femmes aux Jeux Olympiques de 1956, ce n’est que lors des Jeux Olympiques de 1964 à Tokyo (Japon) que les cavalières sont autorisées à participer aux trois épreuves faisant ainsi de l’équitation, le seul sport réellement entièrement mixte des JO.

Henri Chammartin, Marianne Gossweiler et Gustav Fischer, composant l’équipe suisse de dressage
© rts.ch
1996

Atlanta : le para-dressage apparaît

36 ans après l’invention des jeux paralympiques à Rome (Italie) en 1960, une épreuve équestre fait son apparition aux JO paralympiques d’Atlanta (États-Unis) en 1996 : le para dressage.

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Versailles, un cadre exceptionnel

Le domaine national de Versailles a été désigné site hôte des Jeux Olympiques 2024 pour les épreuves équestres qui débuteront par le Concours Complet d'Équitation du 27 au 29 juillet puis le dressage du 30 juillet au 1er août, et enfin le Concours de Saut d'Obstacles du 2 au 6 août. S’y tiendront ensuite, le pentathlon moderne du 9 au 11 août –comprenant également une épreuve d’équitation – et le para dressage du 3 au 7 septembre 2024.

A l’Étoile royale, à l’ouest du Grand Canal, des aménagements temporaires ont ainsi été réalisés. D’importants travaux ont été menés pour aplanir le terrain qui sera reformé à l’identique à l’issue des JO, et une carrière de 8 250 m² avec des gradins en forme de « U » ouverts sur le Grand Canal, y ont été installés pour accueillir 16 000 spectateurs. Quelque 40 000 spectateurs sont en revanche attendus pour assister à l'épreuve de cross-country qui se déroulera dans le parc du Château, avec la traversée exceptionnelle du Grand Canal via des passerelles en bois.

© Château de Versailles / Thomas Garnier

Le parcours de cross-country

Parcours du Cross-Country
Départ de la course
Arrivée de la course

Retour en images sur les épreuves

© Château de Versailles / Didier Saulnier

© Château de Versailles / Didier Saulnier

© Château de Versailles / Didier Saulnier

© Château de Versailles / Didier Saulnier

L'équipe de Grande-Bretagne médaillée d'or au CSO, celle des États-Unis médaillée d'argent et le trio français médaillé de bronze © Château de Versailles
© Château de Versailles / Didier Saulnier

© Château de Versailles / Didier Saulnier

© Château de Versailles / Thomas Garnier

© Château de Versailles / Thomas Garnier

© Château de Versailles / Thomas Garnier

© Château de Versailles / Thomas Garnier

© Château de Versailles / Thomas Garnier

© Château de Versailles / Didier Saulnier

© Château de Versailles / Thomas Garnier

© Château de Versailles / Didier Saulnier

© Château de Versailles / Didier Saulnier

L'équipe française de Karim Laghouag et Triton Fontaine, Stéphane Landois et Chaman Dumontceau ride for Thaïs, Nicolas Touzaint et Diabolo Menthe, remporte la médaille d'argent au CCE © Château de Versailles
© Château de Versailles / Didier Saulnier

© Château de Versailles / Didier Saulnier

© Château de Versailles / Didier Saulnier

© Château de Versailles / Didier Saulnier

© Château de Versailles / Didier Saulnier

© Château de Versailles / Didier Saulnier

© Château de Versailles / Didier Saulnier

© Château de Versailles / Didier Saulnier

© Château de Versailles / Mathilde Riolet

La Grande-Bretagne remporte la médaille d'or et le Japon la médaille de bronze au CCE par équipe
© Château de Versailles / Mathilde Riolet

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Une exposition dédiée au cheval

En résonance avec les épreuves équestres des Jeux Olympiques de Paris 2024, le château de Versailles présente l'exposition "Cheval en majesté au cœur d'une civilisation" du 2 juillet au 3 novembre 2024. La première exposition d'une telle ampleur consacrée à cette thématique.

Déployées sur un parcours traversant plusieurs espaces emblématiques du Château, près de 300 œuvres mettent ainsi en lumière la place et les usages du cheval dans la société civile et militaire, sur une période allant du XVIème au XXème siècle, jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale, marquant la fin de la civilisation hippomobile et la relégation du cheval au domaine des loisirs.

DU 2 JUILLET AU 3 NOVEMBRE 2024

Cheval en majesté – Au cœur d'une civilisation

Crédits images

Illustrations : © Quibe

Photographies des œuvres : © Château de Versailles (Dist. RMN) / © Jean-Marc Manaï / © Franck Raux / © Gérard Blot / © Christophe Fouin / © Thomas Garnier

Drone : © Château de Versailles / Thomas Garnier