À partir du 16 avril 2019 Le goût de Marie Leszczynska

© EPV / Thomas Garnier

Au cours de ses 42 années passées à Versailles, Marie Leszczyńska a fortement influencé l’aménagement du Château ainsi que la vie artistique de son époque. De quoi inspirer cette exposition dédiée, actuellement ouverte au public.

Au sein des appartements de la Dauphine réouverts pour l’occasion, « Le goût de Marie Leszczyńska » s’expose à partir du 16 avril. S’il ne reste que peu de traces de ses 42 années passées au Château - la plupart d’entre elles ayant été effacées par les aménagements de Marie-Antoinette – l’épouse du roi Louis XV s’y est pourtant affirmée à travers ses commandes artistiques ou encore la création d’espaces privés.

L’exposition rassemble une cinquantaine d’œuvres, peintures et objets d’art provenant en majeure partie des collections du Château, dont plusieurs acquisitions récentes et de première importance pour le musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, afin d’illustrer l’évolution de son goût personnel tout au long de son règne et ainsi, mieux la connaître.

Quête d'inimité

Durant tout son règne, Marie Leszczyńska se plie aux impératifs du cérémonial dans le Grand appartement de la reine, s’appliquant à toujours mener une vie exemplaire dénuée d’intrigues. En ce qui concerne l'aménagement même du Château, elle souhaite, dès 1725, mettre sa chambre au goût du jour : des boiseries, exécutées par Vassé, prennent place au-dessus de la cheminée dont on renouvelle le marbre par le choix d’un sarrancolin. Quant aux virtuoses Verbeckt, Dugoulon et Le Goupil, ils sculptent le décor entre les fenêtres. Les dessus-de-porte, toujours en place aujourd’hui, sont commandés pour la Reine en 1734 : par Jean-François de Troy, La Gloire des princes s’empare des Enfants de France, figurant le Dauphin et ses deux sœurs aînées, et par Charles-Joseph Natoire, La Jeunesse et la Vertu présentent les deux princesses à la France.

En 1735, le plafond est repeint : Apollon au milieu des Heures par Gilbert de Sève disparaît au profit d’un décor géométrique orné des chiffres entrelacés du couple royal. Au même moment, la Direction des Bâtiments du Roi, sur ordre de Louis XV, demande à François Boucher d’orner les voussures de quatre grisailles représentant des Vertus : La Prudence, La Piété, La Charité et La Libéralité. Mais Marie Leszczyńska doit attendre près de trente ans pour qu’en 1764 la dorure, si fanée, soit restaurée sous la direction de François Vernet.

Derrière son appartement de parade, la reine qui aspire à vivre, ne serait-ce que quelques heures par jour, en simple particulière, fait aménager des cabinets privés où elle se retirait plusieurs heures chaque jour pour prier, méditer, lire et recevoir son cercle le plus intime.

La peinture, maîtresse des arts

Reine polyglotte et cultivée, Marie Leszczyńska  goute les occupations de l’esprit, les lettres, la musique et les arts, et tout particulièrement la peinture.  L’une des pièces de son appartement intérieur a d’ailleurs été aménagée en atelier. Son pinceau est alors guidé pendant une quinzaine d’années par son “teinturier”, Etienne Jeaurat, tandis qu’elle est conseillée par Jean-Baptiste Oudry. Entre autres œuvres, est attribuée à la souveraine, la copie fidèle d’un tableau de ce maître, intitulé Une Ferme.

Une Ferme, Marie Leszczynska d'après le travail de Jean-Baptiste Oudry

© RMN-GP (Château de Versailles) / © Gérard Blot

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Parmi ses peintres favoris figure sans conteste Jean-Marc Nattier qui la portraiture en 1748 en “habit de ville”. Mais celui qu’elle distingue entre tous est Charles-Antoine Coypel. Ce dernier exécute pas moins de 34 tableaux religieux pour les cabinets privés de la souveraine. Par ailleurs, elle se plait à la contemplation de sujets légers, chinoiseries, pastorales, ou paysages.

Emprunte d'exotisme 

Marie Leszczyńska éprouve une attirance particulière pour la Chine. En 1747, elle installe un Cabinet chinois dans son « laboratoire », au cœur de son appartement intérieur. Elle décide, dès 1761, de le remplacer par un ensemble de toiles dit Cabinet des Chinois. Les tableaux sont exécutés par cinq peintres du Cabinet du roi : Coqueret, Frédou, de La Roche, Prévost et Jeaurat, ainsi que par la reine elle-même. Ces toiles montrent une Chine pittoresque, inspirée des recueils de voyageurs au pays de Cathay. Préparation du thé, évangélisation des Chinois par les Jésuites, foire à Nankin… sont autant de thèmes abordés par ces représentations. Architectures, costumes et paysages y sont décrits avec minutie ; la perspective à vue d’oiseau s’inspire de la peinture chinoise.

La foir de la ville de Nankin

© Château de Versailles, Dist. RMN / © Christophe Fouin

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Durant les quinze dernières années de son règne, se développe en France un nouveau courant artistique, connu dès le XVIIIe siècle sous le nom de goût « à la grecque ». Ce courant qui constitue la première phase du mouvement néoclassique se fonde sur le rejet des formes de la rocaille jugées démodées, sur un retour affiché à la simplicité de l’antique et sur l’usage d’un répertoire décoratif et de thèmes puisés dans l’art grec. La Reine participe à sa manière à ce mouvement.

En 1753, elle commande, par exemple, à celui qui doit devenir le chef de file de ce style dans le domaine de la peinture, Joseph Marie Vien (1716-1809), un dessus-de-porte pour son cabinet, représentant Saint François-Xavier arrivant en Chine. Plus tard, en 1766, elle confie à Richard Mique (1728-1794) la réalisation d’un projet qui lui tient particulièrement à cœur : la construction à Versailles du couvent de chanoinesses de Saint-Augustin, dédié à l’éducation des jeunes filles (actuel lycée Hoche). Le plan choisi pour la chapelle du couvent est celui d’une croix grecque, inscrite dans un carré précédé d’un portail d’entrée, orné d’un péristyle à colonnes ioniques, surmonté d’un fronton triangulaire. La chapelle est achevée après la mort de la Reine grâce à la détermination de sa fille, madame Adélaïde.

La manufacture royale de porcelaine de Sèvres adopte également dès le début des années 1760, le nouveau style dans le domaine des pièces de service comme dans celui des vases et de la sculpture. Étienne- Maurice Falconet (1716-1791), responsable de l’atelier de sculpture de 1757 jusqu’en 1766, donne de très nombreux modèles de biscuits et de vases, d’allure néoclassique.

Par ses aménagements architecturaux, ses goûts et par dessus tout sa façon d’être reine, Marie Leszczyńska a opéré, à sa manière, une révolution discrète.

Brochure de l'exposition 

 

 

1748-1760 — d'après Nattier, Jean-Marc

Marie Leszczynska, reine de France
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Vers 1730 — Alexis-Simon Belle

Marie Leszcynska, reine de France, et le dauphin Louis Ferdinand
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1749 — Jean-Baptiste Oudry

Une jeune bouquetière (L'odorat)
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1749 — Charles-Antoine Coypel

La mort de Saint François Xavier
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1748 — Jean-Marc Nattier

Marie-Louise-Thérèse-Victoire de France, dite Madame Victoire
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1737 — Manufacture de porcelaine de Meissen

Bol à rincer du nécessaire offert à la reine par Auguste II
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Commissariat d'exposition

Gwenola Firmin, chief curator at the Musée National des Châteaux de Versailles et de Trianon

Marie-Laure de Rochebrune, chief curator at the Musée National des Châteaux de Versailles et de Trianon

Assistées de Vincent Bastien, doctor of art history

Audioguide

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Autour de l'exposition 

Podcast "Comment vivaient les reines à Versailles ?"

L'émission "Au coeur de l'histoire", diffusée sur Europe 1, a consacré le 18 avril 2019 un numéro à la vie des reines au château de Versailles. A l'occasion de la réouverture du Grand Appartement de la Reine, Fabrice d'Almeida vous fait revivre les moments les plus marquants de la vie des reines, mais aussi les plus intimes, alors que l’étiquette plaçait la famille royale dans une représentation permanente.

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