Le bosquet du Labyrinthe, construit par André Le Nôtre sur ordre de Louis XIV, est d'abord un bosquet purement végétal. De nombreuses fontaines sont ajoutées dès 1673, contant les fables d’Ésope. Le bosquet est finalement détruit sous le règne de Louis XVI, pour laisser place au bosquet de la Reine. Aujourd’hui encore le souvenir de ce labyrinthe persiste comme étant l’un des plus myhtiques endroits disparus de Versailles, en raison notamment des nombreuses sculptures en plomb animées de jets d’eau et représentant des animaux.
Le labyrinthe disparu Une promenade fabuleuse
La construction du labyrinthe
Le bosquet du labyrinthe est une merveille qui mêle alors fables, statuaire, art des fontaines, art hydraulique et gravure. Dès sa construction, on imagine alors ce bosquet comme un lieu d'une rare richesse.
Entre 1665 et 1673, André Le Nôtre établit le labyrinthe à l’ouest du « Petit Bois vert » : c'est alors un dédale végétal d’une surface d’environ 2,4 hectares. Il choisit d’utiliser des arbres anciens déjà existants, qui accentuent le tracé du labyrinthe duquel émane une ambiance mystérieuse ...
Charles Le Brun a sûrement été en charge du programme de construction, probablement sous le contrôle de Charles Perrault mais cela n’est qu’une hypothèse, puisqu'aucune source ne permet actuellement de l’affirmer. On attribue en effet, à Charles Perrault l’idée et le programme de ce bosquet car il publie un recueil intitulé « Labyrinthe de Versailles » en 1677.
Charles Perrault dans l'introduction au "Labyrinthe de Versailles", 1677.
« Entre tous les bocages du petit parc de Versailles, celui qu’on nomme le labyrinthe est surtout recommandable par la nouveauté du dessin et par le nombre et la diversité de ses fontaines. Il est nommé labyrinthe parce qu’il s’y trouve une infinité de petites allées tellement mêlées les unes aux autres qu’il est presque impossible de ne pas s’y égarer. Mais aussi afin que ceux qui s’y perdent puissent se perdre agréablement. Il n’y a point de détour qui ne présente plusieurs fontaines en même temps à la vue, en sorte qu’à chaque pas on est surpris par quelque nouvel objet. »
L’emplacement du bosquet du labyrinthe s’accorde avec le reste des jardins, où l’on observe d’autres bosquets fermés. Ce bosquet n'est, à l’origine, qu’un jardin aux allées capricieuses et aux décorations de verdures. À partir de 1671 on observe la mise en place d’un réseau hydraulique destiné à alimenter les 39 fontaines de formes et de tailles variées. Entre 1672 et 1674, les carrefours entre les allées sont aménagés. C'est alors un réseau constitué de canalisations en plomb, permettant d’acheminer l’eau jusqu’aux fontaines. Une trente-neuvième et dernière fontaine est par la suite ajoutée.
La décoration des fontaines est alors centrée sur des sculptures animalières de plomb polychromes ; et le tout est ensuite disposé dans une sorte d’écrin en rocaillage.
Un parcours rythmé par les fables
Le bosquet reste fermé la plupart du temps, mais il possède déjà une véritable aura au XVIIIème siècle, grâce à l'empreinte que ce lieu mythique laisse dans les mémoires. Les allées sont étroites, elles ne dépassent pas les 2,5 mètres, et l'on y circule au frais, en ayant presque l'impression de plonger au cœur de la végétation. Dans un souci de "perdre" le visiteur dans les allées boisées, le labyrinthe est constitué de hautes charmilles (environ sept à huit mètres) : le promeneur est alors incapable de voir ce qu'il se passe de l'autre côté de l'allée !
Au coeur de ce labyrinthe régnait une atmosphère différente en fonction des endroits où l’on déambulait ; les fontaines représentaient alors un total de 330 animaux de plombs sculptés et peints de couleurs très vives. Au total, 19 sculpteurs ont travaillé pour réaliser les animaux. Les fontaines et leur décor étaient complétés de margelles de rocaille composées de pierre de patte de verre de couleur qui donnait un côté scintillant à l’ensemble avec du quartz et d’améthyste, de coquillages.
Parmi les décors présents aux quatre coins du labyrinthe, on note la représentation de 39 fables, illustrées par des vers écrits sur des cartels noirs. C'est alors un véritable bosquet littéraire : le bestiaire du labyrinthe est lié à la fable ésopique, et c’est ici que l’on retrouve d'ailleurs l’influence déterminante de Perrault. En 1673 et 1677, des modifications sont apportées au tracé initial, et l'on décide d'ajouter des raccourcis pour les visiteurs qui avaient moins de temps pour déambuler.
Les animaux de plomb du labyrinthe
Les couleurs des sculptures du bosquet du labyrinthe sont impressionnantes et participent à la renommée de ce lieu ; les sculptures sont alors mises en scène de manière à participer aux effets hydrauliques des fontaines. La création de ces animaux de plomb relève de l'action de 19 sculpteurs, qui ont œuvré durant six années.
C’est à partir de 1665 que les maîtres d’œuvre de Versailles commencent à largement faire appel au plomb pour décorer les jardins. La mise en couleur des animaux du labyrinthe est alors confiée aux peintres Delarc et Herman. Les pelages et plumages venaient sublimer les fontaines elles-mêmes peintes de couleurs impressionnantes, le tout agrémenté par des détails rocailles dans ce décor où se trouvaient également des coquillages.
Un vent Nouveau
Au XVIIème siècle règne une omniprésence de la culture antique à Versailles. Ce lien se trouve notamment dans la récurrence de la figure d'Apollon, alors associée à celle du Roi-Soleil. Et en effet, le labyrinthe tire son histoire de la mythologie ! Rappelez-vous de ce mythe du labyrinthe construit par Dédale en Crète, où se trouvait enfermé le Minotaure, fruit d’une liaison entre sa femme et un taureau. Ce monstre dévorait alors tout ce qui se risquait à entrer dans le labyrinthe. Thésée, fils du roi d’Athènes mit fin au sacrifice annuel de sept jeunes femmes et de sept jeunes hommes en tuant le Minotaure, guidé par le fil d’Ariane. Ce mythe érige la culture visuelle associée au labyrinthe antique, renforçant l’idée d’un endroit mystérieux dans lequel n'osent s'aventurer que les plus téméraires ...
La nouveauté qu’apporte le labyrinthe de Versailles suit l’idée des bosquets d’André Le Nôtre, c'est-à-dire des endroits dans lesquels l’on s’enfonce sans vraiment savoir ce que l'on s'apprête à rencontrer. Jusque-là, les labyrinthes étaient réalisés à hauteur d’homme, afin que personne ne se perde... Et la partie centrale du labyrinthe était le cabinet, duquel on voyait la fontaine du combat des animaux terrestres et des oiseaux. La sortie était alors marquée par la fontaine des cannes, et les fontaines en constituaient le circuit. Il y avait un ordre pour découvrir les fontaines et ne pas passer deux fois devant la même : il était possible (et recommandé !) de faire une pause au coeurs des allées, en s’asseyant sur des bancs afin de profiter du spectacle.
destruction et postérité
Le bosquet du labyrinthe est détruit sous le règne de Louis XVI, en raison de son mauvais état général. Il est remplacé par le bosquet de la Reine que nous connaissons aujourd’hui, et qui est accessible en haute saison.
Il se situe dans la partie sud des jardins entouré par le parterre de l'Orangerie et le bosquet de la Salle de Bal.
Le bosquet du Labyrinthe constitue un véritable mythe dans l’histoire de Versailles. Ce n'est pas le seul bosquet à avoir été entièrement détruit et remplacé, mais il est, avec le Marais, l’un des seuls dont le souvenir perdure jusqu'à aujourd'hui. Il doit notamment sa célébrité à son association à la figure de Charles Perrault, mais aussi au nombre impressionnant de gravures.
Le bosquet du Labyrinthe reste, de nos jours, sans équivalent.
La restauration du bosquet de la Reine
Le bosquet de la Reine est actuellement en cours de restauration dans l’optique de la politique de restauration et de valorisation des jardins suite à la tempête de 1999. Cette restauration a été accompagnée en amont par une importante phase de recherche documentaire archéologique afin de déterminer de manière précise les anciennes dispositions. Le chantier est prévu pour durer deux années et être découpé en trois phases.
Découvrir la restauration du bosquet de la Reine
Mécénat
Pour accompagner la restauration du bosquet de la Reine, une campagne de mécénat à été lancée durant l’année 2019. Il s’agit de faire l’acquisition de 148 tulipiers, à ce jour 119 d’entre eux ont été « adoptés » principalement par des particuliers. Leur replantation a eu lieu durant l’hiver 2019-2020.
De nombreux mécènes, français et internationaux, particuliers et entreprises, se sont engagés en faveur de la restauration du bosquet de la Reine : les American Friends of Versailles ; la Société des Amis de Versailles ; la French-American Cultural Foundation ; The Hyatt Foundation ; le National World War I Museum and Memorial ; Goldman Sachs Gives ; OC Travel ; Veolia ; Smurfit Kappa ; Hugo Events.