Le Versailles de
David Chanteranne

Historien, journaliste et écrivain, attaché de conservation au Musée Napoléon de Brienne-le-Château, il est rédacteur en chef de plusieurs revues notamment Château de Versailles Magazine. Découvrez « Le Versailles de » David Chanteranne.

Sa biographie

 

David Chanteranne est historien et historien de l'art, diplômé de l'université de Paris-Sorbonne, journaliste et écrivain. Attaché de conservation au Musée Napoléon de Brienne-le-Château, il a contribué à plusieurs expositions et colloques sur des sujets de la période napoléonienne. Il est rédacteur en chef de plusieurs revues aux éditions Soteca notamment Château de Versailles Magazine et intervient régulièrement dans le cadre de la programmation culturelle « 1 an à Versailles ».

Ses coups de coeur 

  • Versailles émerveille le visiteur, mais bien souvent chacun s’attache à un lieu plus qu’à un autre ; lequel est-ce pour vous ? Pourquoi ?
    Pour des raisons liées à ma spécialité première, j’ai un attachement particulier à la salle du Sacre. D’une certaine manière, elle résume l’histoire du château. On sait évidemment que l’Ancien Régime a été à l’origine du lieu mais si Napoléon et Louis-Philippe n’avaient pas poursuivi l’œuvre initiale de Louis XIV, jamais nous ne pourrions profiter du site de cette manière. Dans le même ordre d’idée, la salle 1792 et la galerie des Batailles résument parfaitement cet esprit de continuité du temps. Mais je n’oublie évidemment pas non plus les Grands Appartements ni les Petits Appartements, tout autant que le Grand Trianon qui me procurent évidemment une grande émotion à chaque fois. Ce sont tous des lieux chargés d’histoire.
  • Au détour d’une salle ou d’une allée, une peinture, une sculpture ou un objet a retenu votre attention ; quel est-il ? Que représente-t-il pour vous ?
    Pour les mêmes raisons, la réplique du Sacre de Napoléon par David est mon tableau préféré. Mais la toile qui m’émeut le plus est celle de la Distribution des Aigles. Achevée en 1810, elle n’avait jamais été exposée au public sous le Premier Empire. Entretemps, Napoléon s’était remarié avec Marie-Louise. Or cette cérémonie devait à l’origine représenter Joséphine derrière l’Empereur. Le peintre a donc « effacé » la présence importune et a fait finalement occuper l’espace vacant par la jambe avancée d’Eugène de Beauharnais. Le propre fils de l’Impératrice a donc été employé pour être « repeint » sur la place qu’occupait sa mère auparavant ! Et ironie de l’histoire, après cette double humiliation pour les Beauharnais, ce tableau a ensuite été placé à Versailles pour être placé en face du sacre, qui représente le couronnement de Joséphine !

Sacre de Napoléon et couronnement de Joséphine à Notre-Dame de Paris, 2 décembre 1804

© RMN-GP (Château de Versailles) / © Franck Raux

Le lien vers le site collection

  • Nos premiers pas dans la galerie des Glaces, l’eau jaillissant des Grandes Eaux… Chacun d’entre nous possède un souvenir de Versailles plus fort que les autres. Lequel est-ce pour vous ?
    Mon premier souvenir reste la galerie des Glaces. Comme tout le monde, cela m’a beaucoup impressionné. L’effet est saisissant. Lorsque j’ai la possibilité, au cours des visites que j’accompagne ou lors de réceptions, de pouvoir y pénétrer sans public, évidemment la perspective est encore plus belle. Quant à la vue sur les jardins, c’est un ravissement. Lors d’une des récentes animations, un groupe de danseurs s’est même produit devant le public. Entendre résonner les musiques de ballet et admirer ces démonstrations procurent toujours une réelle émotion. On s’imagine revenir plusieurs siècles en arrière, même si l’on reste conscient que la reconstitution ne rendra jamais tout à fait la réalité du temps passé : c’est juste un pont extraordinaire entre deux époques.

 

Ses conseils de lecture

  • Versailles se raconte à travers des milliers de pages, des mémoires les plus anciens aux livres d’art les plus récents. Quel est pour vous le livre incontournable sur Versailles ?
    S’il ne fallait en citer qu’un seul, ce serait le Versailles inconnu de Pierre de Nolhac, paru en 1925. C’est un ouvrage remarquable où tout est décrit dans le moindre détail. Les biographies signées par Jean-Christian Petitfils, notamment ses Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, constituent aussi des sources inépuisables pour comprendre le rôle des souverains à Versailles. Il y a aussi le récent ouvrage Le château de Versailles en chantiers de Maxime et Émilie Blin, que j’ai récemment préfacé et édité, et qui offre un résumé complet de l’évolution architecturale du domaine. Enfin, le plus volumineux et le plus exhaustif est le Versailles paru chez Robert Laffont, dans la collection Bouquins, dirigé par Mathieu da Vinha et Raphaël Masson. Difficile de choisir donc entre ces différentes parutions !
  • Classique, récit d’aventures, beau-livre… Incontournable de votre bibliothèque ou récente découverte, auriez-vous un conseil de lecture à nous donner ?
    Le récent ouvrage paru aux éditions Passés/Composés de Cécile Berly, Trois femmes. Madame du Deffand, Madame Roland, Madame Vigée Le Brun, est vraiment à recommander. Non seulement le livre suit le destin de trois personnalités qui ont énormément compté à la fin de l’Ancien Régime puis au début de la Révolution, mais c’est surtout un grand plaisir de lecture. Ces portraits croisés permettent de mieux comprendre les conditions dans lesquelles ces personnalités évoluèrent et cela constitue un regard neuf sur la place des femmes dans la société politique, artistique et littéraire de la fin du XVIIIe siècle.

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