Zéphyr, Flore et l'Amour
Commandé par Louis XIV pour les jardins du Grand Trianon, ce groupe sculpté est l’un des derniers chefs-d’œuvre de la fin du règne du Roi-Soleil. Commencé en 1713 par Philippe Bertrand et René Frémin puis achevé par Jacques Bousseau en 1726, ce groupe consacre cette inflexion vers les thèmes galants et légers qui, au crépuscule du souverain, annoncent l’art du règne suivant. Ce groupe était destiné aux bosquets de Trianon aménagés pour l’usage quasi exclusif du roi et ornés de nombreuses sculptures.
L’arrivée à Versailles de ce groupe concrétise d'une certaine façon l’un des derniers rêves de Louis XIV, qui ne vit exposée dans ses jardins que la version préparatoire de cette sculpture.
L'Abondance
Œuvre majeure que Lambert Sigisbert Adam exécuta entre 1753 et 1758, L’Abondance est une commande de Louis XV pour sa résidence de Choisy. Des nombreuses commandes passées aux meilleurs artistes, rares sont les sculptures à finalement avoir été placées à Choisy.
Célébrant le second traité d’Aix-la-Chapelle (1748) qui mit fin à la guerre de Succession d’Autriche, le bosquet de la Paix imaginé par Charles-Antoine Coypel, premier peintre du roi, aurait dû être orné de cinq sculptures en marbre. De cet ensemble fascinant, seule la statue de L’Abondance fut achevée.
L'entrée de ces deux chefs-d'œuvre dans les collections du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon a été rendue possible grâce au don exceptionnel de la République d'Angola.
des œuvres à l'itinéraire singulier
L'Abondance, allégorie de la prospérité retrouvée sous les auspices du roi pacificateur, fut placée en 1773 dans les jardins du château de Menars, qu’Abel-François Poisson, marquis de Marigny, hérita de sa sœur la marquise de Pompadour. Directeur des Bâtiments du roi de 1751 à 1773, Marigny bénéficia des largesses de Louis XV, de qui il obtint également le don de plusieurs sculptures conservées dans les magasins royaux, parmi lesquelles Zéphyr et Flore en 1769.
Cet ensemble prestigieux de groupes sculptés fut dispersé en 1881, lors d’une vente au cours de laquelle les frères Alphonse et Edmond de Rothschild se portèrent chacun acquéreurs des plus belles œuvres. Ainsi, Zéphyr et Flore et L’Abondance rejoignirent les collections qu’Alphonse de Rothschild, amateur passionné, entre autres, par l’art français du XVIIIe siècle, rassembla dans son mythique hôtel parisien de la rue de Saint-Florentin. Plusieurs documents d’archives, dont un album de photographies inédites, permettent d’évoquer le sort de ces deux sculptures spoliées sous l’Occupation. Restituées après la guerre à la famille, ces œuvres furent placées dans le jardin de l’hôtel Ephrussi de Rothschild, à Paris, qui devint en 1979 le siège de l’Ambassade de l’Angola en France.
Ces deux sculptures, si longtemps conservées en mains privées, étaient quelque peu oubliées jusqu’à ce que leur identification, en 2018, amène à retracer leur passé prestigieux.
Considérant la valeur historique et artistique des deux œuvres conservées dans les jardins de la Résidence de l'Ambassade à Paris ainsi que les efforts déployés par le château de Versailles pour reconstituer son patrimoine artistique, la République d'Angola a décidé d'en faire don à la France pour qu’elles rejoignent les collections du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
le parcours de l'exposition
L'exposition s'attachera à replacer Zéphyr, Flore et l'Amour, et L'Abondance dans leur contexte de création et d'inspiration. Elle mettra également en lumière leur destin singulier; de la commande royale à leur entrée aujourd'hui dans les collections nationales.
Cette présentation permettra aussi de faire comprendre au public l'un des volets du travail des conservateurs du château de Versailles : la recherche et l'identification d'œuvres. Plusieurs peintures représentant le dieu du vent d’Ouest et la nymphe du printemps montreront la prédilection pour ce sujet à Trianon, résidence privée de Louis XIV, véritable palais de Flore. De plus, un ensemble d’œuvres mettra en lumière la genèse du groupe sculpté, très fortement inspiré par la grande toile que Louis de Boullogne exécuta en 1701 pour la galerie de Fontainebleau, et dont la composition fut notamment reprise par les liciers des Gobelins.
Des œuvres et des documents inédits permettront d'évoquer Choisy, résidence tant aimée de Louis XV, ainsi que le château de Menars, joyau des bords de Loire.
Après l’exposition qui leur sera consacrée, elles seront présentées dans le parcours permanent de visite, l’une dans le Pavillon frais du Petit Trianon, l’autre au Grand Trianon.
Commissariat d'exposition
Lionel Arsac - conservateur du patrimoine au château de Versailles, chargé des Sculptures.
scénographie
Conception
Agence Scénografiá : Valentina Dodi et Nicolas Groult
Graphisme
Agence Graphica : Igor Devernay
Éclairage
Agence Ponctuelle : Annabelle Fulop et Philippe Mombellet
Partenaires Médias