Une huile sur toile représentant Marie-Antoinette dauphine exécutée par le peintre Joseph Siffred Duplessis vient de faire son entrée dans les collections du château de Versailles.
Acquisition d'un portrait de Marie-Antoinette, dauphine
l'œuvre
Le château de Versailles vient d'acquérir, grâce au mécénat de la Société des Amis de Versailles, une huile sur toile inédite représentant Marie-Antoinette dauphine, exécutée par le peintre Joseph Siffred Duplessis. Cette œuvre autographe et rare, premier portrait de Marie-Antoinette sur le sol français, montre le vrai et tout jeune visage de la Dauphine. Il s'agit d'un jalon essentiel de la fabrique de l’image de la future souveraine.
L’iconographie de la dauphine et de la reine Marie-Antoinette est très riche. Nombreux sont les peintres qui se sont essayé à l’exercice de traduire les traits de l’archiduchesse d’Autriche. Parmi les premiers figurèrent Joseph Ducreux (1735- 1802) ou François Hubert Drouais (1727-1775), mais dès 1771, Duplessis avait esquissé le visage de la Dauphine. Une esquisse préparatoire conservée au château de Versailles garde le souvenir de l’image que le peintre souhaitait présenter à la postérité, et qu’il pouvait utiliser pour toute représentation de la Dauphine, qu’elle fût équestre ou en buste. Pierre de Nolhac, conservateur du château de Versailles, acquit en 1936 cette « première idée » la commentant ainsi : « cette étude donne bien cette impression de jeunesse avec un incontestable caractère de vérité sur cette toile non terminée ». Le tableau acquis aujourd'hui par le château de Versailles procède de cette œuvre.
En quête de vérité, Duplessis dépeint le naturel de la jeune Marie-Antoinette. Mais la Dauphine rejeta ce naturel, sans doute celui-ci sut-il trop bien saisir les éléments essentiels de la physionomie, notamment la lèvre autrichienne, de la future reine.
Par cette acquisition, le château de Versailles poursuit ainsi sa politique d'enrichissement de sa collection de portraits du XVIIIe siècle.
le Témoignage de Gwenola firmin
Gwenola Firmin, conservateur en chef du patrimoine en charge des peintures du XVIIIe siècle au château de Versailles, revient sur le caractère exceptionnel de l’acquisition de ce portrait.
Pourriez-vous nous décrire cette œuvre en quelques lignes ?
Cette œuvre de Joseph Siffred Duplessis (1725-1802) montre le vrai et tout jeune visage de la dauphine Marie-Antoinette (1755-1793) par un peintre peu courtisan, qui n’a pas le souci de flatter son modèle. L’artiste, expert en ressemblances, saisit les traits essentiels de la physionomie de son modèle : les yeux globuleux, le front bombé, la lèvre autrichienne, le menton lourd des Habsbourg. Le port de tête remarquable, la fraîcheur du teint, le blond poudré de la chevelure les adoucissent toutefois.
À quelle occasion a-t-elle été peinte ?
En 1771, sur proposition de Jean-Baptiste Marie Pierre (1713-1789), Premier peintre du roi et directeur de l’Académie royale de peinture, le « Van Dyck de l’École française » fut invité à exécuter une effigie de Marie-Antoinette à cheval. Le parti d’un portrait équestre fut finalement abandonné. Une esquisse préparatoire conservée au château de Versailles garde le souvenir de l’image que le Comtadin souhaitait présenter à la postérité, et qu’il pouvait utiliser pour toute représentation de la Dauphine, qu’elle fût équestre ou en buste. Le tableau proposé aux enchères en décembre dernier procède de cette esquisse.
Que savons-nous du peintre ?
La réputation de Duplessis, artiste originaire de Carpentras, était bien assise lorsqu’il fut appelé à exécuter le portrait de la Dauphine. Il avait été agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1769. Il eut pour premier maître son père, chirurgien converti à l’art de peindre, puis se forma auprès de Joseph Gabriel Imbert (1666-1749), avant d’intégrer l’atelier de Pierre Subleyras (1699-1749), à Rome, en 1744. Sur proposition de Jean-Baptiste Marie Pierre (1713-1789), Premier peintre du roi et directeur de l’Académie royale de peinture, Duplessis fut invité en 1771 à exécuter une effigie de Marie-Antoinette. Le « peintre de la Nature » – comme l’avait désigné un critique du Salon – fut parmi les premiers conservateurs du musée spécial de l’École française, de 1796 jusqu’à sa mort, en 1802 ; outre la qualité du modèle représenté, c’est donc aussi à ce titre qu’enrichir la collection du château de Versailles d’un portrait de cet artiste se justifie.
En quoi s’agit-il d’un jalon essentiel de la fabrique de l'image de la future souveraine ?
Il s’agit d’une œuvre inédite. Le modèle a en effet été identifié à l’occasion de la mise en vente du tableau. C’est aussi une œuvre rare : elle est le premier portrait de Marie-Antoinette sur le sol français. À ce titre, elle constitue un jalon essentiel de la fabrique de l’image de la future souveraine.
Pourquoi cette œuvre est-elle si importante pour le château de Versailles ? Pourriez-vous nous détailler les circonstances de son acquisition ?
Le tableau enrichit la collection du Château d’un portrait inédit de la Dauphine, peu de temps après son mariage en mai 1770 avec le duc de Berry, futur Louis XVI (1754-1793). Les effigies de Marie-Antoinette datant de cette période sont peu nombreuses. La confrontation de l’esquisse (château de Versailles) avec cette effigie constitue un apport scientifique certain. Le château de Versailles poursuit ainsi sa politique d'enrichissement de sa collection de portraits du XVIIIe siècle.
L’œuvre a fait l’objet d’une préemption de l’État pour le compte du château de Versailles ; la Société des Amis de Versailles a généreusement mécéné cet achat.
Le mécène