Situé en rez-de-jardin, dans le corps central du château l’appartement du Dauphin est l’un des plus prestigieux de l’ancienne résidence royale. L’enfilade de l’appartement est constituée de pièces de plus en plus riches. Cette progression en majesté est, aujourd'hui, une invitation à rentrer dans l’intimité de la famille royale. Les trois pièces principales qui composent l'appartement du Dauphin, et qui ont été concernées par le chantier : la chambre, le grand cabinet, la bibliothèque, offrent une perspective unique sur les jardins. Elles sont respectivement situées sous la galerie des Glaces, le salon de la Paix et la chambre de la Reine.
Pourtant, ces espaces ont connu, entre le XVIIe siècle et le XXe siècle, de multiples usages et aménagements qui avaient peu à peu altéré l’homogénité des pièces et de leur décor. La restauration a permis de se rapprocher de l’état des lieux connu dans les années 1740. À cette époque l’architecte Ange-Jacques Gabriel dirige le réaménagement de l’appartement princier attribué au fils aîné de Louis XV, le Dauphin Louis-Ferdinand.
Le grand cabinet du Dauphin
Le grand cabinet est la pièce d’angle située au centre de l’appartement. Le décor y a été entièrement renouvelé en 1747 avec le concours du sculpteur Jacques Verberckt, qui exécuta les boiseries rocaille. Seules la cheminée et une partie des panneaux sculptés subsistent aujourd’hui.
C’est au tournant du XIXe siècle, lors de la transformation du château de Versailles en musée voulue par Louis-Philippe, que la pièce a connu les changements les plus importants. La majeure partie du décor fut alors déposée. Puis, en 1978, la loi-programme sur les musées a permis d’amorcer la restitution du grand cabinet dans son état Ancien Régime. Ce programme, resté inachevé, a été finalisé par la campagne de travaux menée depuis octobre 2020.
En effet, l’alternance d’une partie des lambris d’origine et d’autres plus récents n’était pas le reflet de la composition voulue par Gabriel. Les éléments les plus structurants, tels que les trumeaux de glaces, les trumeaux d’entre-fenêtres et les grands panneaux en bois sculptés et dorés, étaient jusqu'ici manquants. Ils ont été restitués lors du chantier, après des recherches et des analyses précises.
La restauration du grand cabinet du dauphin a été réalisée grâce au mécénat de la société Baron Philippe de Rothschild S.A.
La bibliothèque du Dauphin
Cette petite pièce, la plus intime de l’appartement, adjacente au grand cabinet, est transformée en bibliothèque en 1755-1756. Elle conserve aujourd’hui encore la majeure partie de ses dispositions d’origine et de son décor dans le goût rocaille. Celui-ci est
composé de guirlandes de fleurs, de dauphins et illustre la thématique des arts (trophées d’architecture et de peinture, putti dansants).
Cet espace intime est une pièce unique et précieuse pour le château de Versailles. En effet, son décor polychrome, réalisé en 1756 selon la technique de la laque française, le vernis Martin, est la parfaite évocation de l’engouement pour les décors peints au naturel au milieu du XVIIIe siècle.
La restauration de la bibliothèque a porté notamment sur les lambris car l’étude des décors peints avait confirmé l’hypothèse d’une mauvaise interprétation lors de la précédente restauration, réalisée dans les années 1960. Le décor présentait donc un aspect jauni et altéré. Le fond a donc été repris pour rendre aux panneaux leur aspect porcelaine, blanc et bleu. La corniche en stuc, qui se trouvait dans un état sanitaire préoccupant, a été consolidée et repeinte.
La restauration de la bibliothèque du dauphin a été réalisée grâce au mécénat de la Société des Amis de Versailles, avec le soutien de la Fondation du patrimoine.
La chambre du Dauphin
Lors du réaménagement de 1747 pour le Dauphin, fils de Louis XV, la pièce fut décorée par les plus grands artistes de l’époque. Jacques Verberckt sculpta les boiseries sur des dessins d’Ange-Jacques Gabriel, Jean-Baptiste Pierre peignit les dessus-de-porte (des oeuvres toujours dans les collections du château de Versailles qui ont été replacées après la restauration), et Jacques Caffieri produit les bronzes sculptés.
Le réaménagement du château au XIXe siècle transforma la pièce dont une partie des décors fut déposée, afin que les murs puissent accueillir des tableaux enchâssés. Au XXe siècle, les boiseries et les dorures ont été restaurées, la cheminée, retrouvée en réserve, a été replacée et les éléments de boiserie remontés.
Aujourd’hui, la chambre du Dauphin est l’une des pièces les plus riches et les mieux conservées des appartements princiers avec une grande partie de ses décors d’origine, chef-d’oeuvre de l’art rocaille.
Les travaux ont pu redonner leur éclat aux lambris dorés, de très belle facture, qui souffraient d’encrassement et de lacunes. La restauration s'est attachée à nettoyer et à compléter les décors existants dans le respect des dispositions authentiques, et à les sublimer par une remise en peinture des fonds unis blanc de Roi.