Un des premiers portraits connus de la Grande Mademoiselle
Cet exceptionnel portrait est celui d’Anne-Marie-Louise d’Orléans, cousine de Louis XIV, réalisé vers 1635. Le dessin est limité au buste de la jeune princesse, mais le trait virtuose, le soin porté au modelé et aux coloris donnent une présence particulière à ce visage à la fois charmant et sérieux. Vouet saisit l’essentiel de la psychologie du modèle, d’un manière directe et simple.
Vouet utilise la feuille de papier brun-jaune comme réserve dans les cheveux qui donnent la couleur générale, le volume et les mèches étant au contraire traités par des traits de sanguine rouge ou marron et de pierre noire, avec quelques légers rehauts de blancs. La carnation est rendue à la craie légèrement rosée et le seul aplat réel se situe sur le haut du buste. Le volume est donné par les ombres grises et parfois par de très légères hachures.
Il s’agit, pour le château de Versailles, d’une acquisition exceptionnelle en raison de l’importance artistique et historique de ce portrait, qui est également le premier dessin de l’artiste à entrer dans les collections du Château.
Simon Vouet, premier peintre du roi et pastelliste des personnages de la cour
Simon Vouet est né à Paris en 1590. Il est le fils du peintre Laurent Vouet et le frère aîné d’Aubin Vouet, également peintre. C’est son père qui lui enseigne son art.
Après des voyages en Angleterre et à Constantinople, Vouet s’installe à Rome où s’établissaient à l’époque de nombreux peintres français. Son talent y est reconnu : il reçoit, entre autres, de prestigieuses commandes ecclésiastiques, notamment pour la basilique Saint-Pierre.
Après quinze ans passés en Italie, Simon Vouet rentre en France en 1627. Louis XIII le nomme premier peintre du roi et lui commande de nombreuses œuvres. Il introduit en France l’influence du baroque italien et maîtrise à la perfection les figures mythologiques et allégoriques. Il excelle autant dans le genre religieux que profane.
Simon Vouet se distingue également dans l’art du portrait. Si ses effigies à l’huile sont célèbres, ses portraits au pastel sont moins connus et forment un ensemble remarquable. Exécutés dans les années 1630 à la demande de Louis XIII qui dessinait sous la conduite de Vouet, ces pastels représentent des personnages de la cour. Ils étaient réalisés lors de séances de pose courtes que permet la technique du pastel.
Pour ce dessin, Vouet traite son sujet plutôt à la pierre noire, à la sanguine de plusieurs teintes et rehauts de craie, sur un trait de crayon, et n’ajoute que quelques légers rehauts de pastel pour certaines couleurs, le bleu des yeux, le rouge de la bouche et des fleurs.
Anne-Marie-Louise d’Orléans (1627-1693), duchesse de Montpensier, dite La Grande Mademoiselle
Fille de Gaston d’Orléans et de Marie de Bourbon-Montpensier, petite-fille d’Henri IV, Anne-Marie-Louise d’Orléans est la cousine de Louis XIV. À la mort de sa mère, quelques jours après sa naissance, elle hérite d’une fortune colossale et du titre de duchesse de Montpensier.
Délaissée par son père qui espérait un fils, la duchesse de Montpensier passe son enfance dans l’affection de Louis XIII et d’Anne d’Autriche.
Son nom et sa grande fortune lui valent de nombreux projets de mariage, refusés par Louis XIII ou par elle-même. Elle aurait en réalité souhaité épouser son cousin, le futur Louis XIV, pourtant de dix ans son cadet.
Lors de la Fronde, elle se range du côté de la noblesse séditieuse et va jusqu’à faire tirer sur les troupes royales en 1652. Elle est alors exilée à Saint-Fargeau, en Bourgogne, et ne revient à la cour qu’en 1657. Très courtisée par le duc de Lauzun, un gentilhomme volage issu d’une famille désargentée, elle demande au roi d’autoriser leur union. La cour proteste vivement et Louis XIV y renonce finalement. Ils se marient plus tard secrètement, vers 1671.
Impopulaire à la cour, pour laquelle elle n’avait d’ailleurs que peu de goût, la Grande Mademoiselle, de par son rang, sa fortune et son implication dans l’épisode de la Fronde, demeure une des figures majeures du Grand Siècle.
Dans le portrait au pastel de Simon Vouet, la jeune duchesse de Montpensier n’est âgée que d’environ huit ans, ce qui fait de cette œuvre l’un des premiers portraits de la nièce de Louis XIII.
Le cabinet des Arts graphiques du château de Versailles
Fondé dans la première partie du XXe siècle avec l’ambition de créer un Musée de l’Iconographie française, le cabinet des Arts graphiques du château de Versailles a évolué pour se concentrer sur trois axes : les dessins préparatoires, architecturaux ou peints, le portrait et l’allégorie. Riche aujourd’hui de plus de 30 000 œuvres, notamment des estampes, la collection comporte également 1 500 dessins.
À partir des années 2000, et plus particulièrement depuis 2013 et la nomination d'un conservateur spécifiquement dédié à cette collection, le cabinet des Arts graphiques a significativement accru le nombre d'acquisitions d'œuvres.