Un rarissime chef-d'œuvre
Dans les années 1770, Giuseppe Panzi, un peintre jésuite présent à la cour de Chine, fit le portrait à l’aquarelle de l’empereur Qianlong (1711 - 1799). Ce dessin, une fois revenu en Europe, fut notamment la propriété d’Henri-Léonard Bertin (1720 - 1792), ministre de Louis XV et de Louis XVI et grand amateur d’art chinois.
Bertin, en tant que secrétaire d’État, contrôlait de nombreuses institutions et prenait très à cœur son rôle de tuteur de la manufacture royale de porcelaine de Sèvres. Il multiplia notamment les efforts pour qu’on developpât à Sèvres la production de porcelaine à pâte dure à la manière chinoise, c’est-à-dire avec ajout de kaolin. Ses efforts permirent la commercialisation, dès 1773, de pâte dure.
Bertin mit également à disposition des artistes de la manufacture le dessin de Panzi, ce qui permit au peintre Charles-Eloi Asselin d’imaginer vers 1776 une plaque de porcelaine peinte représentant l’empereur Qianlong en buste, coiffé d’un bonnet de fourrure surmonté d’une grosse perle. Le portrait est aujourd’hui conservé au château de Versailles.
Le dessin aquarellé de Panzi permit aussi au modeleur Josse-François-Joseph Le Riche, sous la direction de Louis-Simon Boizot, de réaliser à la manufacture, sans doute vers 1775, le portrait de l’Empereur, dont le modèle de terre cuite est toujours conservé au musée de Sèvres.
Les premiers exemplaires en biscuit du portrait de l’empereur de Chine furent vendus en 1776 à Marie-Antoinette, à la duchesse de Mazarin et à Madame Adélaïde, fille de Louis XV.
L’année suivante, le prince de Croÿ s’en porta également acquéreur, tout comme la comtesse d’Artois, belle-sœur du roi. Jusqu’à 1779, plusieurs modèles furent achetés par d’autres amateurs, portant au nombre de treize le nombre de portraits de Qianlong vendus, prouvant ainsi le succès de ce modèle auprès des membres de la famille royale et de la grande noblesse.
Les 60 ans des relations diplomatiques entre la France et la Chine
En 2024, la France et la Chine fêtent les 60 ans de l’établissement de leurs relations diplomatiques. À cette occasion, du 1er avril au 30 juin 2024, le château de Versailles et le Musée du Palais de Pékin ont organisé à la Cité interdite une exposition explorant les relations privilégiées que le royaume de France et l’empire de Chine ont entretenues sous l’Ancien Régime, de l’envoi des premiers jésuites par Louis XIV jusqu’à la Révolution.
À travers des œuvres issues des collections de Versailles et de Pékin, les visiteurs ont pu découvrir l’étendue et la profondeur des liens artistiques, techniques et scientifiques tissés par les deux pays pendant près de 200 ans, prouvant une admiration mutuelle.
Forte de son succès, l’exposition est actuellement présentée au Hong Kong Palace Museum jusqu’au 4 mai 2025.
L’exposition, présentée sous une forme différente, vient d’ouvrir au Hong Kong Palace Museum et se tiendra jusqu’au 4 mai 2025.
Commissariat :
- Marie-Laure de Rochebrune, conservateur général du patrimoine, château de Versailles
- Guo Fuxiang, chargé de recherche, Musée du Palais, Pékin
- Wenxin Wang, conservateur associé, conservateur associé, Musée du Palais, Pékin