Le portrait de Jean-Benjamin de la Borde, premier valet de chambre du roi et intime de Louis XV
Sur cette belle feuille aquarellée, Carmontelle représente Jean-Benjamin de La Borde (1734 - 1797), nommé en 1762 valet de chambre du roi et gouverneur du Louvre. Il fait face à la célèbre pendule astronomique conçue par Claude-Siméon Passemant dès 1743 et installée dans le petit appartement du roi en 1754. Sur ce dessin, elle est représentée complète, avec son boitier en bronze doré, chef-d’œuvre rocaille de Jacques Caffieri, sur son piédestal de marbre. Carmontelle met ici en scène de manière indirecte l’intimité de La Borde avec le roi, tandis que la clef qu’il tient dans sa main gauche, négligemment mais ostensiblement, évoque sans doute sa fonction de gouverneur du Louvre. Carmontelle et La Borde fréquentaient les mêmes salons parisiens, en particulier celui de la Guimard, célèbre danseuse et commédienne dont La Borde était l’amant et pour laquelle Carmontelle composait des saynètes. Le modèle et l’artiste qui le représente avaient d’ailleurs créé ensemble de petites pièces de théâtre.
Carmontelle, homme du monde et portraitiste du XVIIIe siècle
L’artiste, Louis Carrogis (1717 - 1806), dit Carmontelle, était un militaire et topographe devenu metteur en scène des jardins et des fêtes du duc d’Orléans. Apprécié de la noblesse pour son esprit, il est aussi et surtout l’auteur incomparable de 700 portraits peints à l’aquarelle ou à la gouache, des années 1760 à 1780. Toujours de profil, ses modèles, hommes et femmes de toutes conditions, sont associés à des objets ou éléments de décor évoquant leurs goûts ou leur personnalité. Le baron Grimm loue son « talent de saisir singulièrement l’air, le maintien, l’esprit de la figure plus que la ressemblance des traits ».
Une acquisition exceptionnelle pour le château de Versailles
Les portraits aquarellés ou gouachés de Carmontelle sont toujours d’une très grande finesse. De plus, cette oeuvre revêt un intérêt d’autant plus important pour le château de Versailles qu’il représente un intime de Louis XV dont on ne connaissait jusqu’alors que deux portraits gravés. En outre, la présence sur le dessin de la pendule de Passemant, chef-d’œuvre scientifique et artistique conservé à Versailles, renforce l’intérêt du Château pour cette œuvre inédite et exceptionnelle. Cette année, le château de Versailles revient sur le règne de Louis XV. En plus de la réouverture après restauration des appartements du Dauphin, fils de Louis XV, et de celui de Madame Du Barry, le Château consacre à ce roi méconnu une grande exposition à partir du 18 octobre : Louis XV, passions d’un roi.
L’acquisition de ce dessin a été rendue possible grâce au mécénat de la Société des Amis de Versailles.