Un service aux pièces rarissimes
Cette paire d'assiettes en porcelaine tendre comporte une décoration florale de goût champêtre : au centre, un bouquet de roses dans un médaillon cerné d'un filet bleu réhaussé de crosses dorées ; sur l'aile, une bande bleue à festons est piquée de fleurs des champs : barbeaux (terme désignant les bleuets au XVIIIe siècle), myosotis, fleurettes. L'extrémité est soulignée de rinceaux peints en bleu et à l'or entre deux filets dorés.
Ce petit service destiné au service du dessert fut acheté par Marie-Louise-Thérèse-Victoire de France (1733-1799), dite « Madame Victoire », à l'occasion des traditionnelles expositions-ventes organisées par la Manufacture royale de Sèvres au château de Versailles, en 1785.
La composition de ce service est désignée dans les archives de la manufacture de Sèvres comme « service Jardin » et comprenait à l'origine 81 pièces, dont entre autres quarante-huit assiettes, des compotiers, des tasses à glace ou encore plusieurs seaux aux formes différentes. Le nombre de ces pièces indique que ce service ne pouvait être employé que pour quelques convives à l'occasion de dîners ou de soupers.
De plus, de manière exceptionnelle, le dessin préparatoire à cette pièce a été conservé dans le registre des modèles d'assiettes du XVIIIe siècle de la manufacture de Sèvres.
Nous ne connaissons aujourd'hui que très peu de pièces de ce service royal. Seule une assiette datée de 1785 est conservée au Victoria & Albert Museum, à Londres. L'élégante décoration de ce service fut par ailleurs reprise avec une légère variante pour un autre service, produit en 1787 par la Manufacture royale et vendu la même année à l'ambassadeur extraordinaire de la cour du Danemark, Otto Blome.
Madame Victoire, cinquième fille de Louis XV
Madame Victoire, née à Versailles en 1733, était la cinquième fille de Louis XV et de Marie Leszczyńska. Restée célibataire, Victoire était parmi ses sœurs celle qui s'entendait le mieux avec Louis XVI et Marie-Antoinette. À la fin de l'Ancien Régime, Victoire et ses sœurs Sophie et Adélaïde occupaient un vaste appartement au rez-de-jardin du château. Au début de la Révolution, elle s'installa à Paris avant de quitter la France avec sa sœur Adélaïde. Elles émigrèrent en Italie et arrivèrent à Trieste en mai 1799. Madame Victoire y décéda trois semaines plus tard.
Madame Victoire avait hérité du goût de son père pour les productions de la manufacture de Sèvres. Elle possédait déjà d'autres services quand elle fit l'acquisition de cet ensemble dit « Service Jardin », dont le décor de petits bouquets est caractéristique du goût des princesses de la famille royale pour les services de table.
à propos de la Société des Amis de Versailles
Fondée en 1907 pour remédier à l'état de délabrement des châteaux de Versailles et de Trianon, la Société des Amis de Versailles est reconnue d'utilité publique depuis 1913. Forte de plus de 5 000 membres et du soutien de nombreux mécènes, elle œuvre depuis plus de cent ans avec passion et enthousiasme à la restauration, à l'embellissement et au rayonnement du château et du domaine de Versailles.
La politique d’acquisition du château de Versailles
En tant que musée national, le château de Versailles a pour mission de contribuer à l’enrichissement des collections publiques par l’acquisition de biens culturels pour le compte de l’État. Achats, dons et legs permettent de faire entrer au musée des œuvres et objets d’art qui éclairent la collection existante, en complètent le propos et en comblent les lacunes. Les champs sont très divers et incluent une extraordinaire collection de portraits qui illustre les « gloires de la France » dans tous les domaines et fait de Versailles une « National Portrait Gallery » à la française.
De plus, le château de Versailles suit une politique volontariste visant à son remeublement.
La recherche menée par la conservation permet l’identification de meubles versaillais. Autant que possible, le château de Versailles se positionne en vue d’en faire l’acquisition et de les présenter au public dans des espaces dont l’état tend à se rapprocher le plus possible de celui de l’ancienne résidence royale.