La chambre du roi : un lieu majeur à l’histoire complexe
En 1678, Louis XIV décide l’édification de la galerie des Glaces, des salons de la Guerre et de la Paix, et la reconstruction de la façade sur la cour de Marbre. De là découle un important remaniement des espaces situés au coeur de la résidence royale. Du fait de ces travaux, le grand salon central, situé entre la cour de Marbre et la terrasse à l’italienne donnant sur les jardins, s’ouvre sur la galerie des Glaces par trois arcades dotées de portes.
En 1684, cette pièce, mitoyenne de la chambre du souverain située dans l’actuelle antichambre de l’OEil-de-Boeuf, devient le « salon où le roi s’habille ». Dans la très riche collection de peintures que le Roi-Soleil a réuni depuis le début de son règne, sont choisis neuf tableaux qui sont présentés à l’attique du décor de la pièce (c’est-à-dire au niveau supérieur des murs).
En 1701, Louis XIV décide de remanier à nouveau son appartement intérieur et fait transformer le précédent salon en donnant l’ordre à Jules Hardouin-Mansart de « faire une balustrade de menuiserie sculptée très richement dans le salon pour y mettre le lit du roy et en faire la chambre ». La situation géographique de cette chambre, au centre du Château et de l’appartement royal, est fortement symbolique : orientée à l’Est, elle est le point de départ de la course du Soleil, emblème de Louis XIV. Lieu des cérémonies du lever et du coucher, la pièce occupe une fonction centrale dans l’organisation de l’étiquette à la Cour.
Lors de ce dernier aménagement, les parties essentielles du décor du salon de 1684 - boiseries, corniche, pilastres, chambranles des portes - sont conservées. Il en est de même pour la présentation des tableaux à l’attique. Le Roi, qui suivit de près le chantier, choisit d’y maintenir cinq des peintures de Valentin de Boulogne déjà présentes dans le salon. En revanche, en raison de la création du relief en stuc doré au-dessus du lit, deux peintures de Giovanni Lanfranco et de Valentin de Boulogne et une toile attribuée à Nicolas Tournier sont retirées.
Ces évolutions démontrent le goût de Louis XIV pour la peinture caravagesque, qu’il choisit de conserver dans ce lieu fortement symbolique et attaché à sa personne. Ces oeuvres aux compositions sobres et à la touche virtuose jouent sur la densité des ombres et contrastent avec le somptueux décor de la pièce, largement réhaussé d’or.
Des chefs-d’œuvre de la peinture à redécouvrir
L’une des pièces les plus admirées du château de Versailles, la chambre du Roi, est moins connue pour les chefs-d’œuvre qui l’habillent que pour sa symbolique. L’ambition de cette exposition est de rendre aux tableaux qui ornent ce lieu leur juste valeur, en les appréciant pour la première fois à hauteur de vue.
Aux côtés des quatre médaillons de dessus-de-porte et grâce aux prêts exceptionnels du musée du Louvre et du musée de Tessé du Mans, le château de Versailles rassemble, pour la première fois, les neuf toiles qui ont orné la pièce de 1684 à 1701 et qui, pour certaines, s’y trouvent toujours aujourd’hui.
commissariat de l'exposition
Béatrice Sarrazin, conservateur général du patrimoine au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
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