les réseaux, un objet de recherche
La base Prosocour est développée dans le cadre du programme de recherche « Réseaux et sociabilité à la cour de France, XVIIe-XVIIIe siècles », mené depuis 2017 par le Centre de recherche du château de Versailles sous la direction de Mathieu da Vinha, son directeur scientifique.
https://www.prosocour.chateauversailles-recherche.fr/
Cet outil pemet aujourd’hui aux chercheurs et aux internautes de mieux comprendre le fonctionnement de la cour de France, sous l’angle particulier des charges qui y étaient détenues.
La base permet un inventaire de toutes les charges, de tous ceux qui les ont occupées dans le temps, des informations biographiques sur ces personnes, mais aussi des liens entre ces individus. En plus d’un outil de recherche, Prosocour propose des outils graphiques permettant de comprendre et de visualiser les réseaux qui se tissaient à la cour, les mécanismes d’ascension sociale ou encore l'arborescence des maisons royales.
Se plaçant dans la lignée du mouvement de la science ouverte, les données de Prosocour sont en accès libre, exportables et exploitables par tout un chacun. En outre, le logiciel utilisé par MyScienceWork, Polaris OS, est une solution open source. La base est hébergée sur la TGIR (Très Grande Infrastructure de Recherche) Huma-Num, principale structure française de recherche en sciences sociales, permettant de développer, de réaliser et de préserver sur le long terme les données de la recherche selon les principes dits FAIR (Findable, Accessible, Interoperable, Reusable).
Pourquoi « Prosocour »?
La prosopographie est une science dont l’objectif est d’étudier les biographies des membres d’une catégorie spécifique de la société, en particulier leurs origines, leurs liens de parenté, leur appartenance à des cercles de conditionnement ou de décision, mais aussi leurs carrières à travers leurs cursus honorum.
La base Prosocour a pour but de mieux connaitre les personnes qui occupaient des charges à la cour de France, afin d'étudier les réseaux de sociabilité qui s'y tissaient entre 1661 et 1792.
Servir la monarchie
Selon la tradition, le roi et sa famille disposent de Maisons – ensemble de domestiques – pour les servir, le tout formant la cour. Originellement, ces serviteurs sont choisis selon le « bon discernement » royal. Néanmoins, la monarchie, toujours en quête de nouvelles ressources financières, a mis progressivement en vente la plupart de ces emplois appelés « offices » ou « charges ».
Comme le montre la base Prosocour, la cour forme un véritable microcosme où se côtoient aussi bien des secrétaires d’État que des premiers valets de chambre, un grand aumônier qu’un pâtissier de Cuisine-bouche, un capitaine des gardes du corps du roi qu’un architecte ou un peintre.
comment ça marche?
Une base, deux modes d'entrée
D’un côté, les « individus » : toute personne croisée dans les dépouillements de documents historiques, conservés aux Archives nationales, à la Bibliothèque nationale de France, etc...
À ce premier groupe s’ajoutent également des individus liés à ces officiers domestiques par des relations familiales et/ou sociales (fratries, conjoints, parents, parrainages, etc.), individus qui n’exercent pas forcément de fonctions à la cour.
L'intérêt est que la base regroupe ainsi un maximum de personnes gravitant plus ou moins près du roi et de sa famille.
Une notice sur un individu regroupe, lorsqu'elle est complète, les informations biographiques : nom et variantes, naissance, ondoiement, baptême, mariages, et contrats, mort, sépulture, type de noblesse, logement à la cour, lieux de résidence, pension accordée.
On y trouve aussi la liste de toutes les charges détenues en survivance ou comme titulaire avec l’ensemble des éléments associés (entrée et sortie, prédécesseur et successeur, spécificités de la charge, lieux d’exercice, rémunérations et avantages, brevets d’assurance).
Sont également renseignés les liens interpersonnels, familiaux ou professionnels, qui lient l’individu à d’autres individus ainsi que ses groupes d'appartenance (ordres royaux, académiciens, etc.) et l’accès au graphe de son réseau.
On retrouve en outre sur cette notice les lieux qui ont ponctué la vie de l'indvidu (naissance, baptême et ondoiement, mariage ou passation du contrat de mariage, décès et sépulture, exercice de leur emploi, résidence). Une carte interactive permet de visualiser tous ces lieux et de mettre en évidence, par exemple, des profils ancrés en province mais exerçant une charge à Versailles, ainsi que des trajectoires personnelles et professionnelles parfois variées géographiquement.
Enfin, la notice rassemble la liste de toutes les sources qui ont permis de remplir une fiche (sources manuscrites, bibliographie, ressources numériques et iconographiques, liens d’autorité).
Une frise chronologique, visible dès l’entrée dans la notice, offre une synthèse des principaux éléments biographiques et de carrière.
L’autre partie de la base concerne les « charges ». Chacune d’entre elles fait l’objet d’une fiche reprenant sa place dans l'arborescence des institutions d'Ancien Régime, sa description (définition, historique, etc.), son fonctionnement (nombre de titulaires par charge, durée du service…) et l’ensemble des informations financières la concernant (rémunération, prix d’achat, avantages, etc.). À l’instar des fiches individus, celles des charges rassemblent également la liste de toutes les sources qui ont permis de les remplir. Enfin, Prosocour permet surtout de visualiser l’ensemble des détenteurs d’une charge depuis le règne de Louis XIV jusqu’à celui de Louis XVI.
Quels types d’interrogation ?
Grâce à des recherches croisées, la base permet d’interroger l’ensemble des données, aussi bien sur les individus que sur les charges, avec, par exemple, des questions du type :
- Qui ont été les titulaires d’une charge, à une date précise ou pendant une période donnée ?
- De quelle(s) charge(s) un individu a-t-il été le titulaire à une date précise/pendant une période donnée ou durant sa vie ?
- Quelles charges dépendent de quel département/service/maison/chef d’office, grand officier de la Couronne/grand officier de la Maison du roi ?
- Quels sont les individus nés à tel endroit ?
- Qui sont les parents, parrains, témoins de mariage, etc. d’un individu ?
- Qui appartient à telle paroisse ?
- Qui a un logement à la cour (de faveur ou de fonction), et quelle charge donne droit à un logement à la cour ?
Prosocour en chiffres
- Plus de 26 000 individus dans la base.
- Près de 2 300 charges déjà renseignées.
- Plus de 8 700 liens interpersonnels déjà identifiés.
- Plus de 1200 lieux déjà indexés dans les biographies des personnages.
- Plus de 500 fiches d’individus déjà illustrées d’un portrait peint, gravé ou sculpté.
- Plus de 720 fiches d’individus reliées à des référentiels « personnes » interopérables (Bibliothèque nationale de France, Wikidata, etc.)
Calendrier du programme
- 2020-2023 : 3 années de développement et de perfectionnement de la base par MySciencework.
- 2020-2024 : 4 années de dépouillements, de saisies, de corrections et de compléments par les équipes du Centre de recherche.
Les acteurs du projet
Le Centre de recherche du château de Versailles
(GIP – CRCV) chateauversailles-recherche.fr/
Premier centre de recherche attaché à un musée, le Centre de recherche du château de Versailles a pour objet la recherche et la formation sur les lieux et expressions du pouvoir tels qu’ils sont représentés à Versailles et en Europe, principalement aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Comme son objet, la recherche au Centre se veut plurielle : fondamentale et comparatiste, mais aussi documentaire pour servir à l’alimentation de ses différentes productions, ou encore appliquée pour déboucher sur des réalisations concrètes.
Face à la dispersion des travaux, à la rareté des études comparatives, au cloisonnement institutionnel, thématique et géographique des spécialistes, le Centre de recherche ambitionne d’être un lieu de rencontre international et pluridisciplinaire, dans lequel se côtoient des chercheurs et des praticiens, et cherche à faire confluer les travaux concernant ses champs d’études, à susciter de nouvelles recherches et à en assurer la plus large diffusion.
L’équipe de Prosocour
Directeur du programme de recherche : Mathieu da Vinha, directeur scientifique du Centre.
Coordinateur du programme de recherche : Benjamin Ringot, adjoint au directeur scientifique du Centre.
Chargée du suivi du développement et administratrice de la base de données : Isabelle Pluvieux, responsable base de données du Centre.
Une équipe de 9 chercheurs : Bastien Coulon ; Mathieu da Vinha ; Delphine Desbourdes ; Sandrine Jauneau ; Nicole Lallement ; Flavie Leroux ; Cyril Pasquier ; Benjamin Ringot et Jehanne Fleury.
MyScienceWork
www.mysciencework.com/
Basée à Paris (France), MyScienceWork (MSW) propose depuis plus de 10 ans des solutions innovantes aux institutions de recherche, universités et éditeurs en Europe et aux États-Unis. Polaris OS est une solution open source et low code qui simplifie la collecte, la gestion, l’analyse et la valorisation des activités de la recherche.
En collaboration avec le CRCV, MyScienceWork a implémenté Prosocour, une application sur mesure de Polaris OS, qui a permis de digitaliser les réseaux de sociabilité à la cour des rois de France aux XVIIe et XVIIIe siècles. Comme le souligne Yann Mahé, directeur général de MyScienceWork « Polaris OS offre une interface simple mais efficace pour explorer cette période clé de l’histoire française, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives aux passionnés d’histoire, chercheurs et étudiants. Déjà adopté par plusieurs institutions de recherche, ce projet confirme l’utilité de Polaris OS pour les chercheurs en histoire et en sciences humaines et sociales. »
En s’engageant à améliorer l’expérience des chercheurs dans leur quotidien, « l’objectif de MyScienceWork est d’éliminer les obstacles et permettre aux chercheurs de se concentrer pleinement sur leurs activités de recherche », comme le souligne Manuel Guzman, directeur R&D de MSW.
Huma-Num
www.huma-num.fr/
La base Prosocour est hébergée par la Très grande infrastructure de recherche (TGIR) Huma-Num (portée par l’unité d’appui et de recherche (UAR) 3598, ayant pour tutelles principales le CNRS et le Campus Condorcet, et pour tutelle secondaire l’université d’Aix-Marseille).
La principale mission de la TGIR Huma-Num est de construire, avec les communautés et à partir d’un pilotage scientifique, une infrastructure numérique de niveau international pour les Sciences Humaines et Sociales (SHS). Elle structure l’accompagnement des communautés scientifiques SHS en matière d’infrastructure numérique pour les données de la recherche. Elle met en oeuvre une infrastructure numérique permettant aux communautés SHS de développer, de réaliser et de préserver sur le long terme les programmes de recherche – leurs données et outils – dans un contexte de science ouverte et de partage des données.