Une restauration nécessaire
L’appartement de madame Du Barry n’avait bénéficié d’aucune campagne de restauration depuis plus de soixante-dix ans. La dernière restauration, menée entre 1943 et 1947, avait permis le rétablissement des dispositions de l’appartement dans son état de 1770, tel que l’avait connu madame Du Barry.
Durant cette période, au-delà de l’altération et du vieillissement des peintures, les décors et les plafonds avaient souffert de l’humidité et d’importantes variations climatiques accélérant l’état de vétusté des pièces. L’actuelle campagne de travaux s’inscrit dans le respect des opérations des années 1940, la majorité des interventions consistant en une restauration à l’identique, corrigeant seulement quelques incohérences, issues de la campagne de travaux précédente.
L’objectif de ces travaux est de pouvoir donner à voir aux visiteurs l’atmosphère d’intimité et de délicatesse qui se dégageait de ce lieu, expression de la quintessence de l’art de vivre au XVIIIe siècle.
Avancement du chantier
Les travaux ont débuté, en février 2021, par la dépose partielle de certains lambris et des parquets, permettant ainsi d’effectuer les consolidations structurelles nécessaires et de dissimuler tous les réseaux d’éclairage et de sécurité. Des travaux d’isolation des combles et du brisis ont été menés en parallèle, afin d’améliorer les performances énergétiques de l’appartement.
Après quelques reprises sur les sculptures des boiseries, et la repose des panneaux, la dorure ancienne est actuellement nettoyée, restaurée et complétée dans les pièces principales de l’appartement. La peinture à la colle en « blanc de Roi » est également dégagée et reprise en raccord selon les techniques traditionnelles.
Enfin, un travail important est effectué sur les pièces aux décors polychromes, rares témoins du goût du XVIIIe siècle. Les corniches en stucs ont été restaurées et complétées et des travaux de recherche pour les teintes des motifs ont été conduits à partir des sondages menés sur les panneaux de lambris. Les peintres sont actuellement à l’oeuvre pour remettre en couleur les décors.
La restauration est conduite dans le respect des techniques du XVIIIe siècle par des artisans aux savoir-faire hautement spécialisés : maçonnerie, plâtrerie, menuiserie d’art, marbrerie, serrurerie et bronzerie d’art, peinture décorative, dorure et électricité.
remeublement
Parallèlement au chantier de restauration architecturale, le remeublement de l’appartement sera conduit par la conservation du château de Versailles, afin d’évoquer ce que pouvait en être l’ameublement lorsque madame du Barry y logeait.
Témoins du style le plus raffiné du XVIIIe siècle, les meubles présents en 1770 sont aujourd’hui dispersés dans le monde entier. En leur absence, le parti pris du remeublement repose sur des oeuvres présentes dans les collections du château de Versailles, plus ou moins contemporaines de madame Du Barry, qui pourront évoquer le mieux possible l’environnement quotidien de la favorite de Louis XV. Ainsi, aux côtés de quelques objets d’art commandés pour madame Du Barry (les chaises du cabinet d’angle, une table en pierre dure, ou encore le service de porcelaine à rubans bleu), des meubles et des objets seront sortis des réserves, afin de renforcer la cohérence de l’ensemble. De nouveaux textiles seront également tissés : rideaux et portières en damas vert pour la salle à manger, garniture pour les sièges du cabinet d’angle.
un lieu intime et raffiné
En 1770, Louis XV, veuf, décide d’installer la comtesse Du Barry, sa favorite, au coeur du château, au-dessus de son propre appartement privé.
Aménagé par Ange-Jacques Gabriel, l’appartement attribué à la favorite royale s’étend sur plus de 350 m2. Au second étage de la résidence royale, il donne sur la cour de marbre pour les pièces de réception (salon d’angle, grand cabinet, chambre) et sur les cours intérieures pour les pièces plus intimes (bibliothèque, salle à manger, pièce des buffets, salle de bains, pièces de service). L’appartement bénéficie de multiples accès, permettant au Roi de rejoindre sa maîtresse par ses escaliers privés.
À la demande de madame Du Barry, les pièces principales sont pourvues d’un décor blanc et or, privilège des princes. L’autre moitié de l’appartement présente d’exceptionnels décors polychromes, témoignages rares et précieux du goût du XVIIIe siècle, dont très peu nous sont parvenus jusqu’à aujourd’hui.
Loin des espaces de représentation de la Cour, la favorite déploie un très grand raffinement dans ce lieu qu’elle fait agrémenter de mobilier et d’objets d’art à la pointe de la mode.
Madame Du Barry n’occupe cet appartement que quatre ans, de 1770 à 1774 avant d’être chassée de la Cour, à la mort de Louis XV.
Après son départ, l’appartement est divisé et seules quelques petits remaniements ont été réalisés. L’occupation permanente de ces espaces, dès lors, a permis à l’appartement d’échapper aux campagnes de bûchage des insignes royaux par les révolutionnaires, en octobre 1793, et de conserver jusqu’à aujourd’hui quelques fleurs de lys et des doubles « L » d’origine, sur les cheminées ou les boiseries. L’appartement a également été préservé lors des importantes transformations du Château au XIXe siècle sous Louis-Philippe.
Madame Du Barry
Jeanne Bécu, dite « Mademoiselle Vaubernier », est née le 19 août 1743.
Devenue, par mariage, comtesse Du Barry, elle succède à madame de Pompadour comme favorite royale après sa présentation à Louis XV en 1768.
Le Roi est alors âgé et a perdu successivement son fils le Dauphin Louis-Ferdinand, son épouse, Marie Leszczynska ainsi que sa maîtresse devenue amie, madame de Pompadour. Louis XV est rapidement séduit par la beauté de cette jeune femme qui s’installe à Versailles. Malgré les manigances du duc de Choiseul et le mépris de Mesdames filles de Louis XV, elle s’impose à la Cour.
À l’égard de bien des favorites, madame Du Barry vit confortablement. Amatrice d’art, elle protège peintres et artisans et cultive le style néo-classique à Versailles. Elle commande de nombreuses pièces au menuisier Delanois, à l’ébéniste Leleu et aux peintres Fragonard et Vien. Amie de Voltaire, elle lui rend visite jusqu’à la mort de l’écrivain en 1778.
Madame Du Barry est chassée de Versailles en mai 1774, à la mort de Louis XV, sur ordonnance de son successeur Louis XVI. Elle est alors emmenée au couvent de Pont-aux-Dames à Meaux. En 1776, elle se retire à Louveciennes. Dénoncée pendant la Terreur, elle est guillotinée le 8 décembre 1793.
Le mécène de la restauration
Fidèle à ses valeurs de protection et de transmission du patrimoine, AXA s’est engagé - depuis de nombreuses années - à soutenir des lieux symboliques de la culture française qui contribuent à son rayonnement auprès d’un large public venu du monde entier.
AXA est heureux de poursuivre son partenariat avec le château de Versailles et de permettre par son soutien la restauration des appartements de
madame Du Barry.